Le Tunisien consomme 4,380 Kg de sel par an, 2 fois et demie la quantité conseillée. Conséquence : 1 Tunisien sur 3 est hypertendu. D'où la nécessité de la prévention et du dépistage.
Par Yüsra N. M'hiri
La Société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio-vasculaire (Stcccv) a organisé, samedi dernier, une conférence pour tirer la sonnette d'alarme sur l'hypertension artérielle et faire part de son programme de prévention.
Cette société scientifique composées de 480 médecins, en majorité des spécialistes, démarre sa campagne sous le slogan «1 Tunisien sur 3 est hypertendu, et vous?», la Stcccv, prévient contre les risques d'arrêts cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) et autres dus à l'hypertension artérielle.
Dr Abdallah Mahdaoui.
Le Tunisien consomme 4,380 Kg de sel par an !
L'année 2013 est l'année de la lutte et du dépistage de l'hypertension, d'où une grande volonté d'effectuer des actions de prévention, de conseil, d'orientation et de dépistage partout en Tunisie.
Les personnes à risque et les plus vulnérables à face à l'hypertension sont les fumeurs, les personnes obèses, stressées, mais aussi et surtout les grands consommateurs de sel.
En Tunisie, la consommation annuelle de sel est de 4,380 kg par an, annonce Dr Abdallah Mahdaoui, président de l'association. Cette consommation est excessive, compte tenu du fait que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande que les adultes ne consomment pas plus de 5 g de sel par jour, soit 1,825Kg par an. Le tunisien doit donc commencer par diviser par 2,5 sa consommation de sel, et ce en changeant ses habitudes alimentaires. On peut réduire graduellement la teneur en sel de nos riches plats et habituer ainsi le palet, progressivement, à un goût moins salé, pour une meilleure santé.
Moins de sel et de cigarette, plus de sport
Au-delà d'une nourriture saine et moins salée, Dr Mohamed Sami Mourali affirme que le sport reste essentiel pour combattre l'hypertension. D'une part, il permet d'évacuer le stress, un des facteurs majeurs de l'hypertension, il permet aussi de combattre l'obésité qui facilite une accumulation de graisse et conduit donc à des dépôts de graisse sur les vaisseaux sanguins provoquant leur rétrécissement. Trop de graisse dans le corps favorise le développement rapide du rétrécissement vasculaire et l'hypertension.
Une activité sportive contribue, in fine, à ce que les muscles pompent le sang activement, l'aspirent, ce qui fait que le cœur n'a plus besoin de fournir beaucoup d'effort.
2013 : année de la lutte et du dépistage
L'OMS a décidé de combattre l'hypertension qui est à l'origine de plus de 9 millions de décès par an dans le monde. La Stcccv reprend le flambeau et lance sa campagne en Tunisie.
Selon Dr Helmi Kammoun, beaucoup de gens ignorent qu'ils sont hypertendus parce que l'hypertension n'entraîne pas forcément de symptômes. Il est donc essentiel de procéder à un dépistage régulier et une prévention dans le mode de vie au quotidien, essentiellement par un régime alimentaire sain, abstinence de fumer et de consommer de l'alcool, ainsi qu'une activité physique régulière.
Des actions vont être menées, dans un premier temps, dans les écoles primaires pour éduquer l'enfant et l'impliquer dans la prévention dès son jeune âge. «Il faut aussi impliquer les responsables des cantines, leur demander de diminuer la teneur en sel dans les plats qu'ils préparent, afin d'habituer le palet de l'enfant au goût peu salé», prcéise Dr Kammoun.
D'autre part, l'association compte installer des tentes, sur tout le territoire tunisien, afin de permettre un dépistage gratuit de l'hypertension, et d'orienter les malades. Ces tentes seront installées dans les grands carrefours de la capitale, mais aussi dans les régions, afin de n'oublier personnes et de permettre à tout le monde de prendre conscience des risques et des conséquences néfastes de l'hypertension artérielle sur le cœur et donc sur la vie.
La Stcccv existe depuis 1972 et commence donc, du haut de ses 41 ans, à prendre de la maturité. Dans cette optique, elle souhaite mieux axer ses actions et améliorer ses interventions sur le terrain pour être davantage dans le «cœur des Tunisiens» (sans jeu de mots) en cette année 2013 et ainsi sauver un maximum de cœurs et de vies.