Selon une enquête de l'agence Tap, les jihadistes du Jebel Châmbi auraient des connexions avec les réseaux de contrebande écumant les régions frontalières entre la Tunisie et l'Algérie.
Les habitants du gouvernorat de Kasserine, où se trouve le Jebel Châmbi, sanctuaire d'un groupe de jihadistes pourchassé depuis décembre dernier par les unités de l'armée et des forces de sécurité, ont souligné à l'agence Tap l'existence de connexions, voire d'imbrication, entre les réseaux de contrebande avec l'Algérie voisine et les groupes jihadistes, à la faveur de toute une communauté d'intérêts. «A commencer par le fait que les uns et les autres utilisent le même sentier de montagne reliant les villes de Bouderiès (en territoire algérien) et de Foussana (en territoire tunisien). Ce sentier part de la localité de Boulaâba, sur le versant ouest du Châmbi, en territoire algérien, et conduit droit vers la région de Kasserine en passant par le lieu dit Sahraoui», indique l'agence Tap.
«C'est par là que passent diverses marchandises de contrebande, du carburant et des denrées alimentaires aux stupéfiants», souligne encore la Tap, citant des «témoignages concordants des habitants», qui évoquent les «centaines de véhicules chargés de toutes sortes de marchandises de contrebande» transitant tous les jours par ce sentier.
Toujours selon la Tap, qui a enquêté dans la région, «ce trafic est le cordon nourricier de toute la région que divers facteurs contribuent à entretenir, à commencer par la proximité géographique, mais aussi les liens familiaux et tribaux unissant des pans entiers de populations de part et d'autre de la frontière.»
En l'absence d'activité agricole et industrielle dans ces régions longtemps oubliées des planificateurs et des investisseurs, la contrebande reste «l'unique occupation qui tient lieu d'économie locale».
Comme cela existe dans d'autres régions infestées par des réseaux terroristes (la Somalie, le nord du Mali, etc.), des relations objectives et même des formes élaborées de collaborations existent, dans cette zone frontalière tuniso-algériennes, entre les jihadistes et un certain nombre de contrebandiers, d'autant que les deux parties font face au même danger : les forces de sécurité bouclant les issues.
Par ailleurs, l'approvisionnement des premiers doit être assuré, ne fut-ce qu'en partie, par les seconds.
Autre hypothèse très probable : les éléments jihadistes cumulent, eux-mêmes, les activités de contrebande et de jihad armé, l'une contribuant à financer l'autre.
I. B.