Avec l'ouverture de la clinique Amen Béja, la région du nord-ouest va enfin bénéficier d'une polyclinique performante digne des attentes des citoyens ô combien lésés par un je-m'en-foutisme politique ambulant!
Par Samantha Ben-Rehouma
Avant Bizerte et Nabeul, mais après Gafsa, Hakim Ben Yedder, président du Groupe Amen Santé, a inauguré la clinique Amen Béja, en présence de personnalités locales, de nombreux représentants du corps médical, de la presse et du «late» ministre de la Santé Abdellatif Mekki.
Antoine Courcelle-Labrousse, représentant de l'IFC, se réjouit d'être un actionnaire actif d'Amen Santé.
La santé pour tous : un objectif encore lointain
En Tunisie, dire que les établissements médicaux sont quasi-inexistants dans les régions intérieures est une lapalissade car le problème, très ancien, reste souvent irrésolu. Béja est l'exemple type d'une infrastructure médicale inadéquate: seulement 60 lits privés sont offerts entre Béja, Jendouba et Le Kef. Pire! D'après des études, la région du nord-ouest disposait d'un lit d'hospitalisation pour 13.200 habitants alors que la moyenne nationale, déjà insuffisante, est de 1 lit pour 4.000 habitants!! Sans parler du manque de maternités qui rend impossible d'accoucher sur place, la seule solution étant de se rendre à Tunis.
Dr Zohra M'Hamdi, DGA Clinic Béja, avec Mohamed Ben Hmida, DG Amen Santé.
«La clinique Amen Béja, après celle de Gafsa, représente notre volonté de nous développer dans les régions intérieures souffrant de manque d'infrastructure et d'offres médicales modernes. Avec la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), tout le monde pourra se soigner et c'est ce que nous souhaitons», a expliqué Mohamed Ben Hmida, directeur général d'Amen Santé.
Hakim Ben Yedder et Abdellatif Mekki inaugurent Béja Amen Clinic.
La Clinique Amen Béja (7.000 m²), nouveau fleuron des cliniques Amen, offre la disponibilité de toutes les commodités et services en un seul et même lieu: 102 lits (extensible à 118), un bloc opératoire de quatre salles d'opération, un espace réveil, une salle de césarienne autonome avec deux salles de travail et une unité de réanimation.
«Cela répondra ainsi aux besoins médicaux des malades avec un niveau de standards d'hébergement et de soins identiques à ceux de la capital. Notre principale préoccupation est le mieux-être de nos malades pour qui nous voulons offrir une qualité irréprochable de service, d'équipements ainsi qu'une sécurité optimale dans une dimension toujours humaine et dans le respect d'une probité et d'une transparence sans faille», concluait Hakim Ben Yedder
Le "Dégage" du staff hospitalier de Béja au ministre de la Santé.
Monsieur le ministre, au secours!
En marge de ce qui devait être le clou de l'inauguration avec le «couper de ruban» par Abdellatif Mekki, on a vu arriver, de droite et de gauche, deux groupes de manifestants (l'un représentant le staff hospitalier de Béja et l'autre des étudiants de l'Institut des Langues) bien déterminés à exprimer «en live» au ministre leur mécontentement.
Principal motif de la grogne : «le ministre vient inaugurer une clinique privée alors que nous, à l'hôpital publique, il nous zappe complètement en venant faire une visite éclair de 5 minutes et à 3h du mat'!», dit un membre du staff hospitalier local. «Ils veulent délocaliser l'Institut à Jendouba et nous ça nous arrange pas du tout !», ajoutent les étudiants...
Bref, ce tohu-bohu n'a, bien-sûr, fait que retarder la visite du ministre – ce dernier ayant eu vent du comité d'accueil pour le moins chaleureux qui l'attendait a préféré aller faire un tour en attendant que tout cela se tasse! Mais c'était sans compter sur la détermination et la fougue des jeunes étudiants qui, contrairement au staff hospitalier, n'a pas rebroussé chemin malgré les «Rentrer chez vous le ministre ne viendra pas!» des policiers.
Les étudiants ont eux aussi voulu manifester leur "joie" pour la venue du ministre de la Santé.
Pour conclure, même si la guerre de Troie n'a pas eu lieu lors de l'inauguration de la clinique Amen Béja, le cheval, lui, existe bel et bien! Et tant que le malaise du secteur hospitalier n'aura pas été soigné, tant que la crise que traverse ce secteur n'aura pas été diagnostiquée (manque d'effectifs, moyens insuffisants, augmentation des tâches non-sanitaires par la gestion de prestations et saisie des données qui constitue autant de temps non consacré à la personne souffrante, désorganisation des services, nécessité de polyvalence, l'absentéisme, etc.), on risque un «burnout» (saturation)!