Une association, créée récemment, se donne pour mission de venir en aide aux femmes de Ezzouhour, Mellassine et Somrane, quartiers défavorisés de la capitale, de les rééduquer, de les former et de leur ouvrir les portes du travail.
Par Yüsra N. Mhiri
L'association Maân (ensemble) a organisé une conférence de presse, samedi, dans un hôtel de la capitale, afin de présenter ses actions au profit des femmes tunisiennes, essentiellement, celles habitant les quartiers défavorisés.
La précarité dans les quartiers populaires
Créée en 2011, Maân est une association tunisienne d'action sociale. Elle se donne pour mission de lutter contre la précarité dans les quartiers populaires. Pour déceler les besoins des populations cibles et déterminer ses actions à venir, elle a effectué une étude socio-économique. Elle souhaite, par ailleurs, mettre en avant la promotion des femmes des quartiers Ezzouhour, Mellassine et Somrane, situées à la lisière ouest de Tunis, par la formation, l'éducation et le partage des bonnes expériences.
L'étude, réalisée auprès de 300 femmes des quartiers déjà cités, âgées de 16 à 50 ans, montre que plus de la moitié sont au chômage et n'ont, en majorité, pas suivi d'études. Plus de la moitié ne souhaitent d'ailleurs pas travailler, même si elles se plaignent de la cherté de la vie. Elles expliquent leur chômage par le manque de diplôme, de formation et de temps, les tâches ménagères et domestiques, laborieuses et non rentables, ne leur laissant pas le temps pour un quelconque travail en dehors de la maison.
Dorra Harrar, présidente de Maân.
Et la politique dans tout cela?
Plus de la moitié (55%) des femmes sondés pensent qu'elles pourraient ouvrir des micro- projets, si elle parvenait à obtenir un crédit allant de 500 à 1.500 dinars.
L'écrasante majorité des femmes interrogées (75%) estiment avoir participé à la révolution (de manière indirecte, en préparant la nourriture aux hommes lors des veillées des comités de quartier). 67% disent avoir voté et, ce qui ne manquerait pas d'étonner, 47% estiment connaitre les partis politiques et en comprendre le fonctionnement. Elles ont, dans leur majorité, voté pour le parti Ennahdha, car elles estimaient que ce parti à connotation islamique pouvait mieux les protéger. L'enquête ne dit pas si elles regrettent leur choix ou si, au contraire, elles en sont ravies. Par contre, elles pensent, tout aussi majoritairement, que la politique n'est pas faite pour les femmes, c'est une affaire d'hommes. Au secours, Femen!
Former, accompagner, promouvoir...
Dorra Harrar, présidente de l'association, explique que les femmes des quartiers pauvres de Tunis doivent être encadrées et accompagnées. Elle se donne pour mission de les sensibiliser, les encourager à se prendre en charge et leur donner les moyens nécessaires à leur développement socio-économique.
Dans un premier temps, l'urgence est de renforcer l'alphabétisation pour que chacune puisse être autonome. Puis, de mettre en place des sessions de formation et de stages dans la vie active.
Mme Harrar appelle les responsables des partis politiques et les représentants de la société civile à soutenir sa démarche, expliquant que la pauvreté et l'ignorance sont, parfois, source de violence et délinquance.