Le prédicateur saoudien Mohamed Moussa Cherif a été «dégagé» la semaine dernière par des salafistes de la cité Ettadhamen. Pour avoir condamné le jihad en Irak. Et non pour avoir insulté Bourguiba.
Parce qu'il avait dénoncé, il y a plusieurs années, le jihad en Irak et traité les jihadistes de mécréants, que les salafistes ont «dégagé», la semaine dernière, d'une mosquée de la Cité Ettadhamen, quartier populaire à l'ouest de Tunis, Mohamed Moussa Cherif, un commandant de bord de la Saudi Airlines et prédicateur vedette de plusieurs chaines de télévision saoudiennes. C'était avant qu'il ne commence même son prêche.
Mais après l'intervention des «sages», le prédicateur, invité pour la énième fois dans nos murs notamment par le prédicateur waghhabite tunisien Béchir Belhassen pour «ré-islamiser» le peuple tunisien, a lancé un chapelet d'insultes contre la Tunisie moderne, mettant tout le monde dans le même sac. Il a surtout traité de mécréant le premier président tunisien Habib Bourguiba. «C'est un ''kafir'' (mécréant) et nous l'avions toujours dit. Avant même que vous ne naissiez, on disait que Ben Ali et Bourguiba sont des koffar et nous nous sommes réunis, il y a 45 ans, pour faire une fatwa contre Bourguiba. Ça vous ne le savez pas encore», a-t-il lancé.
Le lendemain, le prédicateur a publié son prêche intitulé «Une rencontre embarrassante à Tunis», sur sa page officielle Facebook. Vers la fin, il s'est adressé aux salafistes qui l'ont dégagé en ces termes: «Qui êtes-vous ? Qui vous a enseigné l'islam, qui sont vos cheikhs, si vous voulez imposer vos avis par la force, ça ne marchera pas avec moi. Et je ne reviendrai plus jamais en Tunisie».
Plusieurs internautes n'ont pas raté l'occasion pour répondre à ce prédicateur sur les réseaux sociaux : «Bon débarras», lui rappelant au passage que le «kafir» Ben Ali est bien protégé par les siens, puisqu'après sa fuite le 14 janvier 2011 de Tunisi, c'est en Arabie saoudite qu'il a trouvé refuge.
Z. A.