La presse internationale a rapporté, jeudi, quasiment dans les mêmes termes, la lourdeur du verdict de justice tunisienne à l'encontre des 3 Femen européennes (4 mois et un jour de prison ferme).
Par Yüsra N. Mhiri
Marguerite et Paulmine Stern, de nationalité française, et Josephine Markmann, l'Allemande, avaient protesté les seins nus, le 29 mai, devant le palais de justice de Tunis, pour demander la libération d'Amina Sbouî, membre tunisienne de Femen.
Peine sévère et verdict disproportionné
Au lendemain du procès, les titres des journaux, font tous écho à la sévérité du verdict. «La justice tunisienne punit lourdement les trois militantes Femen»; «Peine "sévère" pour la mère d'une Femen»; «Un verdict disproportionné».
Les avocats français des Femen, Patrick Klugman et Yvan Terel, ont, eux aussi, exprimé leur «consternation» et ont fait appel à la décision du juge.
«L'Union Européenne (UE) est surprise par la sévérité du jugement», a indiqué Catherine Ashton, Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Le ministère français des Affaires étrangères, qui espérait une mesure de clémence, a regretté la sévérité de la peine. Il indique, dans un communiqué indique: «Paris ne peut que regretter la sévérité de la peine rendue mercredi par la justice tunisienne à l'encontre de trois activistes européennes du groupe Femen.»
Quant à l'ambassade d'Allemagne à Tunis, elle a exprimé, dans un communiqué, «sa préoccupation par rapport à la lourdeur de la peine émise à l'encontre des trois jeunes femmes activistes de l'organisation Femen».
L'Allemagne espère que ce verdict sera revue lors de l'appel que les avocats ont demandé.
Les Femen France promettent, pour leur part, de continuer le combat en Tunisie et indiquent sur leur page officielle Facebook: «Notre armée de femmes nues accompliront leur mission pour la liberté et feront trembler les islamistes!».
La justice tunisienne ne sort pas grandie
Le verdict de la prison ferme pour les auteures de l'action Topless en Tunisie a été critiqué aussi par une partie des Tunisiens, d'autant que, quelques mois auparavant, les salafistes jihadistes ayant saccagé et incendié l'ambassade et école américaines à Tunis n'ont écopé que de deux années de prison avec sursis. Une indulgence qui a fait réagir l'ambassade des Etats-Unis à Tunis «Les verdicts ne correspondent pas de manière appropriée à l'ampleur et à la gravité des dégâts ainsi qu'à la violence qui ont eu lieu le 14 septembre 2012», a souligné l'ambassade.
Dans le cas des «seins nus» des Femen, les magistrats tunisiens ont vu rouge, même si une simple comparaison du degré de gravité des deux faits («sains nus» devant le palais de la justice et saccage de l'ambassade des Etats-Unis) suffit pour confondre la justice tunisienne. Ainsi d'ailleurs que les 2 ans de prison ferme infligés, aujourd'hui, au rappeur Weld El15 pour une simple chanson : un verdict jugé scandaleux et portant atteinte à la liberté d'expression. Il vient donner raison, quelques heures après, aux réserves exprimées par les Européens vis-à-vis de la justice tunisienne.