Le tribunal de première instance de Tunis a condamné, vendredi, l'homme d'affaires Marouane Mabrouk à 3 mois de prison ferme pour recel d'objets archéologiques.
Selon Mosaïque FM, qui a publié l'information, l'avocat de M. Mabrouk ayant interjeté appel du verdict, M. Mabrouk restera en liberté.
En attendant la fixation d'une date pour l'audience en appel, les analystes continuent de s'interroger sur le fonctionnement de la justice tunisienne, qui tarde à être réformée et dont les verdicts font souvent l'objet de discussion, pour ne pas dire plus.
Le sort réservé à certains hommes d'affaires, interdits de voyage et maintenus sous pression judiciaire, alors que le gouvernement ne cesse d'appeler les promoteurs privés à investir pour créer des emplois et relancer la machine économique, contraste avec le laxisme montré à l'égard d'autres hommes d'affaires ayant tourné casaque et montré de la complaisance à l'égard du nouveau régime.
C'est, en tout cas, ce qui se chuchote dans les coulisses de l'Utica (centrale patronale), qui a créé cette semaine un comité de soutien à son ex-président Hedi Djilani, interdit de voyage, sans qu'il y ait encore de jugement privatif de la liberté à son encontre.
Alors que la loi relative à la justice transitionnelle tarde à être mise en oeuvre , sans que l'on sache les raisons de ce retard, et que la "justice transactionnelle" continue de sévir "sous la table", selon l'expression de Mohamed Abbou, ancien ministre de la Réforme administrative et président du parti Al-Tayyar Al-Dimocrati (Tendance démocratique), que l'on ne peut pas soupçonner de complaisance vis-à-vis des "azlems" (collaborateurs) de l'ancien régime, les verdicts prononcés par la justice contre tel ou tel homme d'affaires continuent de susciter les suspicions et les réserves. Certains vont jusqu'à parler de règlements de comptes politiques...
Les solutions préconisées par certains experts financiers et/ou judiciaires, notamment les arbitrages et règlements à l'amiable, et qui permettraient à l'Etat de récupérer des sommes d'argent dont il a besoin pour rééquilibrer ses comptes et aux hommes d'affaires de recouvrer leur liberté de mouvement, seraient peut-être à envisager, si tant est que l'on veuille dissiper les doutes et créer un climat de confiance nécessaire à la relance de l'investissement privé.
I. B.