Quelque dizaine de citoyens spoliés par Adel Dridi se sont rassemblés, mardi matin, devant le Pôle judiciaire et fiancier de l'avenue Mohamed V, avant de se rendre à Montplaisir devant le siège d'Ennahdha, en criant: «Sayboulna Adel» (Libérez-nous Adel).
Par Yüsra N. M'hiri
Quelques 50.000 tunisiens ont été escroqué par Adel Dridi, patron de la société Yosr Développement, qui a été arrêté samedi dernier, sur la route de Sousse. Il indique, lors de l'enquête judiciaire, n'avoir aucune volonté de spolier quiconque, et affirme avoir assez de ressources pour rembourser tous ses clients. C'est ce qui a amené un certain nombre d'entre eux à se rassembler, devant le siège d'Ennahdha (parti au pouvoir), pour demander à l'Etat de libérer le prévenu, afin qu'il puisse les rembourser.
Rassemblement, mardi, des victimes de l'escroquerie devant le Pôle judiciaire et financier.
Parmi les manifestants des femmes d'un certain âge, n'ayant que leurs yeux pour pleurer, étaient venues de quartiers populaires, mais elles ont préféré rester se reposer sur le gazon, devant le Pôle judiciaire et financier. «Par un pareil soleil, les jeunes seront plus agiles que nous. Ils sont partis voir Ennahdha, pour demander à Ghannouchi la libération immédiate de ''khouna Adel'' (notre frère Adel). Comme ça, il nous rendra notre argent. Qu'il nous rende juste l'argent investi, sans les intérêts promis», explique-t-elle avec une certitude pleine de candeur.
Certaines des clientes de Adel Dridi avaient vendu le peu de biens qu'elles possédaient pour adhérer au système de Yosr Développement. Beaucoup n'ont même pas informé leur famille. Mais toutes (ou presque) restent persuadées que tout ira pour le mieux. L'une d'entres elles, un peu moins fragilisée par l'escroquerie du siècle, témoigne: «De toute manière, on ne pouvait pas s'attendre à se faire berner par ce monsieur. Il semblait bon. Il a même évoqué un programme d'aide aux démunis pour le mois de Ramadan, il l'avait baptisé ''Kofet Romdhan'' (le couffin de Ramadan)», raconte-t-elle, convaincu de l'innocence du jeune homme.