Des centaines de membres des Ligues de la protection de la révolution (LPR) ont été recrutés dans le secteur public : récompense pour les services rendus à Ennahdha, parti islamiste au pouvoir.
C'est en tout cas ce qu'a affirmé à Kapitalis le président de l'association «La lettre de la Kasbah», Rafik Nour Ben Kilani, joint au téléphone.
Selon ce dernier, les LPR sont aujourd'hui le «bras armé» d'Ennahdha. «Vérification faite dans plusieurs ministères, il a été relevé que des centaines des LPR, dont leur célèbre agitateur Recoba, ont trouvé des emplois dans la fonction publique. Or, ces derniers sont pour la plupart des repris de justice condamnés dans des procès de droits communs ou des partisans de l'ancien régime, recyclés entretemps et utilisés par le nouveau parti au pouvoir».
Rafik Nour Ben Kilani affirme avoir sous la main une liste de noms de ces personnes qu'il connaît «de près et en personne».
«Je suis totalement favorable à l'insertion des personnes qui ont été privées, des années durant, du droit à un emploi stable. Mais, comme par hasard, aucun partisan de la gauche opprimée sous Bourguiba et Ben Ali n'a été embauché. Seuls les membres des LPR sont aujourd'hui des fonctionnaires, notamment aux ministère du Transport, de l'Equipement et de Sport... alors qu'ils n'ont jamais figuré sur une liste d'opprimés. Et pour cause : ce sont en majorité des repris de justices condamnés pour divers délits», a déploré Rafik Nour Ben Kilani.
Mais que font ces heureux élus pour avoir le bulletin n°3 nécessaire à l'embauche alors que leur dossier de justice est loin d'être vierge? Réponse de M. Ben Kilani: «Justement, j'ai des preuves et c'est pour cette raison que je suis en train de creuser davantage dans le passé de toutes ces personnes, de réunir plus d'éléments avant d'aller très bientôt à la justice».
«Ce qui se passe dans mon pays est inadmissible, inconcevable. Le gouvernement nous doit la transparence et l'équité, et il doit s'expliquer. Ces nouveaux ''fonctionnaires'' n'ont aucune formation et ne méritent pas d'intégrer la fonction publique, d'autant qu'ils représentent un grand danger pour la stabilité de l'administration et sont manipulés», a ajouté M. Ben Kilani.