A l'aube, les Ligues de protection de la révolution (LPR) ont attaqué les manifestants du Bardo et les forces de l'ordre ont dispersé les deux parties en utilisation des bombes lacrymogènes. Les LPR «avouent» l'existence d'une police parallèle.
Les centaines de manifestants du Bardo, appelant à la dissolution du gouvernement provisoire, jugé illégitime depuis le 23 octobre 2012, et qui passaient la nuit devant le siège de l'ANC, ont été attaqués, vers 3h30 du matin, par les LPR, des milices violentes au service d'Ennahdha.
Officiellement, les policiers ont usé de la force et ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule et ... éviter les affrontements des deux parties. Les tentes qui abritaient les sit-inneurs ont été enlevées. Des témoins, évoquent plusieurs arrestations dans le rang des manifestants.
Peu de temps avant les affrontements, Sahbi Atig, le dirigeant d'Ennahdha, qui avait promis de piétiner ceux qui s'opposeraient au gouvernement, était arrivé sur les lieux, et a remercié les partisans du gouvernement en les appelant à faire face au opposants pour éviter un coup d'Etat. Il les appelé à ne pas suivre les «fauteurs de trouble» et surtout à rester unis.
De leur côté, les membres des LPR affichent fièrement, sur leur page Facebook, une photo où l'on voit la place vidée des manifestants.
Moqueurs, ils publient également un post où les manifestants, parmi lesquels plusieurs dizaines de députés de l'opposition, sont traités de «crapules»: «Tu me plais camarade, quant tu rentres bredouille après t'être fait tabasser... tu es fatigué, sale et puant et tu insultes Hamma (Hammami, Ndlr). Tu n'as même pas de quoi rentrer, il n'y a ni taxi, ni bus pour te ramener chez toi.... Après que tu aies été battu par les LPR et la police parallèle (sic !).»
Que pense Lotfi Ben Jeddou, le ministre de l'intérieur, de cet aveu de l'existence d'une police parallèle ? Le gouvernement use-t-il de toutes les pratiques anti-démocratiques, y compris le recours à une police parallèle à la solde du parti islamiste Ennahdha, pour éviter la chute?
Le déroulement des faits fait penser à une concertation entre les LPR et les unités de la police, ou certaines d'entre elles: les première attaquent les manifestants pacifiques avec des pierres, fournissant un prétexte aux agents de police pour intervenir et lancer des bombes lacrymogènes sur les manifestants pacifiques. Vive la police républicaine! Les Tunisiens s'en souviendront...
Y. N. M.