Puisque le ministre de l'Intérieur n'a donné ni l'ordre de tirer des bombes lacrymogènes ni de matraquer les manifestants pacifistes, qui l'aurait donc fait à sa place, vendredi et samedi, au Bardo?
Selon Tahar Ben Hassine, patron d'El-Hiwar Ettounsi, et le journal électronique TanitPress, les ordres de disperser les manifestants par la violence viennent directement de Montplaisir, c'est-à-dire d'Ennahdha. Et celui qui fait exécuter les ordres n'est autre que le colonel Mohamed Imed Ghodhbani, directeur général des Brigades d'intervention.
M. Ghodhbani est né en 1967 dans la région de Kasserine. Ayant intégré le ministère de l'Intérieur en 1990, il a conduit plusieurs opérations, notamment celle menée pendant les évènements terroristes de Soliman (2006-2007). Sa mission ayant été «couronnée» d'échec, il s'est vu confier la direction de l'administration de la sécurité universitaire. Au lendemain des élections du 23 octobre 2011, il a été nommé à la tête de l'administration de la protection des personnalités et des installations.
En 2012, et grâce à l'entregent du député et membre du bureau politique d'Ennahdha, M. Ghodhbani, il s'est rallié au parti de Rached Ghannouchi et est devenu directeur général des Brigades d'intervention à la place de Moncef Laâjimi.
Mohamed Imed Godhbani aurait «veillé», selon encore les mêmes sources, sur les évènements de l'ambassade américaine en Tunisie (14 septembre 2012), les évènements de Siliana (fin novembre-début décembre 2012), l'agression des syndicalistes le 4 décembre au siège de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT) et l'attaque du meeting de Nida Tounes à Djerba (fin décembre 2012).
Selon encore TanitPress, Mohamed Imed Ghodhbani habite aujourd'hui à la Cité des Juges, à La Marsa, et roule en Jaguar. En 2012 et 2013, Ennahdha l'a envoyé deux fois pour une mission aux USA et une autre fois en Turquie.
Mohamed Imed Godhbani a nommé, à son tour, le colonel Hassen Ezzahi à la tête de la direction de la sécurité centrale. Ce dernier est né à Sidi Yaïch, au gouvernorat de Gafsa. Il serait derrière les violences survenues contre les sit-inneurs et les députés au Bardo et il serait à la tête de l'appareil parallèle qui prend directement les ordres de Mohamed Imed Ghodhbani au lieu des salles des opérations du ministère de l'Intérieur. Il a été aperçu, hier, et filmé pendant l'agression du député de l'opposition Mongi Rahoui.
Suite à ces pratiques, les syndicats et associations des forces de sécurité nationale se sont excusés auprès du peuple et ont dénoncé les violences au point de demander au ministre de l'Intérieur de nettoyer l'institution des intrus qui ont été imposés par Ennahdha.
D'autres agents sont allés, dimanche, s'excuser auprès des sit-inneurs agressés, hier et aujourd'hui, par les hommes de M. Ghodhbani, en leur distribuant des fleurs.
Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a déclaré dimanche matin ne pas avoir donné l'ordre de tirer des bombes lacrymogènes ou de matraquer les sit-inneurs, laissant entendre que certains des services de son ministère échappent à son contrôle et tiennent leurs instructions d'une autre partie.
Z. A.