Le ministre des Affaires religieuses, le salafiste wahhabite Noureddine Khademi, publie un communiqué où il induit en erreur l'opinion publique et cherche à diviser le peuple entre musulmans et mécréants.
Dans le communiqué en question, rendu public aujourd'hui, le ministre condamne les participants au Sit-in du Bardo qui, selon lui, «ont scandé le slogan ''Touness horra horra et l'islam âla barra'' (Tunisie libre et l'islam dehors)».
Ses preuves: une vidéo enregistrée, le 28 juillet soir, devant le siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et qui a été truquée par les partisans d'Ennahdha, avant d'être partagée sur les réseaux sociaux.
Le slogan scandé était «Tounes horra horra wel azlem âla barra». Traduire : «La Tunisie est libre et les anciens collaborateurs dehors».
Cette manipulation est double: elle joue sur la confusion entre les mots «islam» et «azlem». En plus, les manifestants qui scandaient ce slogan n'étaient pas les sit-inneurs du Bardo opposés au gouvernement, mais les... manifestants pro gouvernement et pro Ennahdha!
Il fallait le faire. Et les internautes islamistes, dont le sens de la déontologie et de l'éthique est très peu développé, l'ont fait. Ce qui est cependant déplorable c'est qu'un ministre des Affaires religieuses tombe dans le piège, et cherchant à discréditer les opposants au gouvernement et le parti Ennahdha, commet la bêtise (car c'en est une autre à mettre à l'actif du gouvernement) de monter une partie des Tunisiens contre l'autre: les bons musulmans (les pro gouvernement et pro-Ennahdha) et les mauvais mécréants (les opposants rassemblés au Bardo).
Noureddine Khademi présidant, le 27 août 2010, quelques mois avant la chute de Ben Ali, des causeries religieuses ramadanesques organisées par le RCD, l'ex-parti au pouvoir,
Pour une telle manipulation, le ministre mérite d'être poursuivi en justice, car il essaie de mettre de l'huile sur le feu et de mettre en danger l'ordre public et la paix civile.
Nourreddine Khademi, rappelons-le, était un imam proche de l'ancien régime – il a été filmé plusieurs fois en train de discourir dans les réunions organisées par le RCD, ancien parti au pouvoir – qui a été recyclé par la machine politique d'Ennahdha.
Z. A.