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Beaucoup de Tunisiens et de Tunisiennes qui émigrent clandestinement sont pris dans l'engrenage des réseaux de traite, de prostitution et de travail forcé. Un rapport de l'OIM lève le voile sur cette réalité.

Par Seif Eddine Akkari

L'Europe est depuis longtemps considérée comme un paradis sur terre par un grand nombre de nos jeunes. Les images des personnes qui rentrent de la France et d'Italie, conduisant des voitures luxueuses et affichant une richesse inhabituelle, restent assez ancrées dans les esprits. Et pourtant, ces rares exemples de réussite ne peuvent cacher l'amère réalité de la traite des immigrés à l'étranger, et notamment des Tunisiens.

La traite des personnes en Tunisie a été l'objet d'une étude réalisée par l'Organisation Internationale pour la Migration (OIM), en collaboration avec le gouvernement tunisien et la société civile. Ce rapport, intitulé ''Etude exploratoire sur la traite des personnes en Tunisie'', qui figure sur le site web de l'organisation, fournit une documentation très riche sur les cas de traite en Tunisie et celle des Tunisiens à l'étranger.

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Proxénétisme et prostitution: un marché florissant

Dans le cas des Tunisiens à l'étranger, on remarque que c'est la prostitution qui représente le phénomène le plus répandu. En effet, la femme tunisienne est une «marchandise» très prisée à l'étranger, surtout du côté du Liban et des pays du Golfe, qui représentent des pays où la prostitution clandestine est très florissante. Le rapport nous apprend que la plupart  ont été victimes de supercherie. En effet, ayant obtenu des «contrats de travail» auprès de personnes douteuses, elles se retrouvent à l'étranger, sans argent, obligés de payer leurs frais et leurs vies en se prostituant.

Le rapport relate notamment l'histoire de cette jeune tunisienne de 20 ans qui a déniché un contrat de travail comme esthéticienne dans un salon spécialisé à Dubaï. Le seul critère d'admission a été le fait d'être belle et jeune. Aucun frais n'a été déboursé, suite à la promesse de payer le voyage avec le salaire touché. Seulement voilà, la réalité a été tout autre. Au lieu de rouler sa bosse dans ce salon d'esthétique qui s'est avéré fictif, elle s'est retrouvée à faire la prostituée de 22h à 3h, avec des clients huppés et dans des soirées où l'alcool coule à flot. Les contacts avec son fiancé s'étaient même rompus à un moment donné. A son retour en Tunisie, la jeune fille a été arrêtée. Après les sévices subis à Dubaï, elle s'est retrouvée coupable de prostitution, sans pouvoir prouver qu'elle a été victime d'un réseau. Les ennuis ne se sont pas arrêtés pour cette jeune femme, qui s'est vue abandonnée par sa famille et son fiancé, pour un «crime» qu'elle a été forcée de commettre.

Travail forcé : bâtiment, agriculture et prostitution

Le rapport cite également le cas du travail forcé chez nos compatriotes clandestins. Prenant comme exemple la découverte de 3 tunisiens libérés d'un travail forcé en Italie, le rapport cite surtout l'agriculture et le bâtiment comme principaux aspects de cette traite des travailleurs au noir.

Un autre phénomène est signalé par le rapport : la prostitution masculine qui sévit largement chez les immigrés illégaux. Sans donner des chiffres exacts, le rapport soupçonne de nombreux cas de prostitution homosexuelle forcée, surtout en France, au Moyen Orient et au Liban.

Tant de dépassements ont des cibles tellement connues qu'une carte a pu être dressée traçant la route des victimes en partance de la Tunisie.

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A quand la fin du fléau?

Les experts ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur la traite des personnes, surtout celles qui émigrent clandestinement. Etant dans une situation irrégulière, ils perdent tous leurs droits civils et deviennent proies à toute sorte de sévices et de maltraitances. Mais, pire que cela, ce sont les escrocs qui induisent nos compatriotes, notamment les jeunes femmes, en leur fournissant des moyens, en l'occurrence légaux, pour pouvoir les exploiter ensuite.

L'utilisation récemment des réseaux sociaux rend la tâche encore plus ardue pour le ministère de l'Intérieur, tant le démantèlement de tels réseaux de proxénétisme est difficile. Il n'empêche, des efforts doivent être faits, pour essayer de préserver la dignité des Tunisiens, dont plus d'1 million vivent hors du territoire national.