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Mardi dernier, le Roi du Maroc, Mohamed VI, a accordé l'indulgence royale à plus de 1 000 prisonniers dont 48 Espagnols. Parmi eux, Daniel Fino Galvan, condamné à 30 ans de prison pour des actes de pédophilie. Une libération qui indigne la population marocaine.

Par Seif Eddine Yahia

 Le 30 juillet dernier, comme chaque année, le roi du Maroc, Mohamed VI a gracié plusieurs prisonniers à l'occasion de la fête du Trône. Cette année, le pardon royal a permis à 1044 prisonniers de recouvrer la liberté. Parmi eux, le souverain a fait libérer 48 prisonniers espagnols suite à une demande formulée par le roi Juan Carlos, lors de sa visite au Maroc en juillet dernier.

La plupart de ces ressortissants espagnols étaient incarcérés pour des affaires de drogue, mais le cas de l'un d'entre eux, celui de Daniel Fino Galvan, a suscité une véritable indignation dans le royaume.

Le «violeur de Kénitra» libéré 18 mois après sa condamnation

Le retraité de 60 ans, propriétaire de deux appartements à Kénitra, avait été condamné, en 2011, à 30 ans de prison pour des agressions sexuelles commises sur 11 mineurs âgés de 4 à 15 ans au moment des faits. Le pédophile avait été confondu, au moment du procès, par les vidéos des crimes qu'il avait lui-même filmées. L'indulgence royale lui a permis de quitter la prison de Kénitra moins de 18 mois après sa condamnation.

C'est l'avocat des victimes de Galvan, Me Hamid Krayri, qui a alerté les médias suite à cette libération.

L'avocat de Daniel Galvan, Me Ben Jeddou, a confirmé cette information, reprise par de nombreux médias et associations. Il a également indiqué que le prisonnier gracié avait été libéré mercredi avant de quitter le pays jeudi malgré un passeport périmé. L'avocat de l'ex-prisonnier a par ailleurs rappelé qu'une indulgence royale ne pouvait, en aucun cas, être discutée.

Silence des autorités, indignation de la population

Les autorités espagnoles ont salué la libération de ces 48 prisonniers en rappelant toutefois que la liste de personnes à gracier n'avait nullement été commanditée par l'Espagne mais qu'elle avait été faite en toute indépendance par l'administration marocaine.

Le Palais et le ministère de la Justice marocain n'ont pas souhaité faire de commentaire suite à cette affaire, mais depuis la libération du «violeur de Kénitra», la société civile s'organise dans le Royaume.

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La société civile se mobilise contre la banalisation de lapédophilie dans le Royaume marocacain. 

Les réactions d'indignation ont été extrêmement nombreuses sur les réseaux sociaux. De nombreuses pages se sont créées pour remettre le pédophile derrière les barreaux et plusieurs associations ont critiqué un usage abusif et inique de l'indulgence royale.

Rappelons que depuis quelques mois, l'opinion publique marocaine a été très affectée par la divulgation d'affaires de pédophilie toutes plus sordides les unes que les autres. Au mois de juin dernier, Robert Bill, un ressortissant britannique de 59 ans, s'était fait arrêter à Tétouan pour des crimes similaires à ceux de Galvan. Le même mois, un Français d'une soixantaine d'années a été condamné à 12 ans de prison pour des actes pédophiles. Ces interpellations avaient fait suite à une marche blanche fortement suivie et organisée au mois de mai dernier à Casablanca afin d'alerter la population et les autorités publiques contre les crimes pédophiles et le développement du tourisme sexuel au Maroc.

L'association du 20 février, qui avait été très active lors du «Printemps Arabe», a décidé de se mobiliser contre la grâce accordée au ressortissant espagnol en organisant un sit-in, vendredi soir à 22 heures devant le siège du Parlement marocain à Rabat. Plus de 20 ;000 personnes ont déjà promis de se rendre sur les lieux de la manifestation ce soir.

Lien vers la page Facebok de la manifestation. 

 

Illustration: rencontre des roi Mohamed VI et Juan Carlos en juillet à Rabat.