Mohamed Amine Guesmi, suspect dans l'assassinat de Chokri Belaïd, a-t-il été torturé en prison? C'est ce qu'affirme, en tout cas, sa famille, qui demande à ce qu'il soit ausculté par des médecins.
Mohamed Amine Guesmi, qui serait le conducteur de la motocyclette à bord de laquelle s'est déplacé Kamel Kadhgadhi, le présumé assassin de Chokri Belaïd, encore en fuite, probablement au Mont Chaambi, ne s'est finalement pas évadé de l'hôpital où il a été soigné d'un malaise (une intoxication, selon sa famille).
Mohamed Sboui, directeur général des prisons au ministère de la Justice, a démenti, hier, sur les ondes de Mosaïque FM, cette information, précisant que le détenu est en bonne santé et qu'il se trouve à la prison. Il a même invité sa famille à prendre contact avec l'administration pénitentiaire pour plus d'informations.
Le Tunisian Crisis Institute a indiqué, sur sa page Facebook, que la famille du détenu s'est dépêchée à la prison de Mornaguia, à la suite de cette invitation, accompagnée d'une délégation de défenseurs des droits de l'homme, pour rendre visite à Mohamed Amine Guesmi. La délégation a été accueillie froidement et on ne lui a pas permis de rencontrer le détenu. Seule sa famille a été autorisée et elle a remarqué que son fils porte sur son corps des traces (luxation de l'épaule et gonflement et rougeur des poignets) et sa barbe a été rasée à son insu.
Selon encore sa famille, Mohamed Amine Guesmi, qui tremblait devant ses geôliers, n'a pas voulu répondre aux questions de sa famille à propos de l'origine des traces, se contentant de répéter «Allahou elmoustaân» (Que Dieu nous aide).
La même source ajoute que la disparition, pendant 4 jours, du détenu a coïncidé avec l'arrestation de Ezzeddine Abdellaoui, autre suspect dans l'assassinat de Chokri Belaïd, qui a, contrairement à tous les détenus dans la même affaire, affirmé que le groupe salafiste jihadiste Ansar Al-Charia est derrière le crime.
Quoi qu'il en soit, le ministre des Droits de l'Homme, Samir Dilou, serait bien inspiré de se saisir de l'affaire et de diligenter une enquête pour savoir si le prévenu a ou non été torturé.
Z. A.