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Hamza Belhaj, militant du Front populaire, heurté délibérément, au Bardo, par un véhicule de police, qui lui a brisé la jambe, s’inquiète du silence de la justice sur sa plainte, déposée le 20 août par son avocat Ghazi Mrabet.

Par Yüsra N. M’hiri

 

Le 29 juillet dernier, le sit-in Errahil, devant l’Assemblée nationale constituante (ANC), au Bardo, vient à peine de commencer. La police disperse violemment les manifestants, à coup de matraque et de gaz lacrymogène. Hamza, qui participe au sit-in, est pris en chasse par un véhicule de police dans une ruelle du quartier.

«Le conducteur ouvre violemment la portière du véhicule et me projette contre un poteau. Quand je tombe par terre, il fait marche-arrière puis accélère sciemment, fonce sur moi et me roule dessus, écrasant ma jambe», raconte Hamza.

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Hamza Belhaj avant l'agression affiche clairement ses obédiences politiques.

Le blessé, la jambe brisée, se rend aux urgences par ses propres moyens. «C’est dans un taxi collectif que je me suis rendu à l’hôpital, accompagné par un ami. J’avais des douleurs insupportables et je voyais ma jambe qui pendait au bout de mon corps», raconte encore le jeune homme.

Le lendemain de l’accident, Hamza se fait opérer pour une double fracture à la jambe.

Plus de deux mois après, il est presque immobilisé et doit suivre régulièrement des séances de rééducation. Pis encore: le jeune homme commence à perdre espoir en voyant sa plainte se perdre dans les méandres de la justice. «Depuis le temps qu’elle a été déposée, je me demande pourquoi la justice tarde-t-elle à faire bouger le dossier», confie-t-il.

Hamza ne demande pas de contrepartie financière, ses soins médicaux étant totalement pris en charge par une association, le Centre pilote des handicapés, qui continue de payer les séances de kinésithérapie. Mais il souhaite que le responsable de l’agression soit jugé, qu’il explique son geste et paye pour son crime. Nul n’est au-dessus de la loi, mais le silence dont la justice entoure cette affaire sème le doute chez le jeune militant quant à l’avènement d’une justice indépendante en Tunisie.

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Hamza Belhaj garde l'espoir et sourire, malgré la souffrance.

Ayant constaté qu’aucune enquête n’a été ouverte 3 semaines après les faits, l’avocat de Hamza, Me Ghazi Mrabet, a fini par déposer une plainte, le 20 août dernier, contre Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, le directeur de la Sûreté nationale et celui du district du Grand Tunis pour l’agression caractérisée dont a été victime son client.

«Depuis, aucune nouvelle, malgré mes allers retours incessants chez le procureur de la république», dit-il. Joint au téléphone par Kapitalis, l’avocat explique qu’il souhaite accélérer la procédure et qu’il a contacté Me Ameur Maherzi, président de la section des avocats de Tunis, qui lui a promis son soutien pour faire bouger l’affaire et empêcher qu’elle soit étouffée. «Dans les jours qui viennent, Me Maherzi et moi-même, retournerons voir le procureur pour tirer les choses au clair», promet-il.

Hamza Belhaj doit passer son bac lettres cette année, mais la double fracture de 20 cm au niveau du tibia, causée par le véhicule de la police, l’empêche de se rendre en cours. Il voit déjà une année blanche se profiler à l’horizon...