La Banque Africaine de Développement (BAD), en collaboration avec l'ambassade du Royaume Uni en Tunisie, a lancé le projet de «Poulailler Bio», à la Ferme thérapeutique de Sidi Thabet, pour contribuer à l'insertion professionnelle des handicapés.
Par Yüsra N. M'hiri
L'ambassadeur du Royaume en Tunisie, Hamish Cowell, et des cadres de la BAD, ont effectué vendredi 11 octobre, une visite à la ferme pour découvrir le «Poulailler Bio», projet initié par Souk At-tanmia. Objectif de la visite: mesurer l'impact du projet sur le terrain, les conditions de sa mise en place, ses réalisations, les problèmes rencontrés et les besoins exprimés.
Souriants, joyeux et en parfaite harmonie avec les animaux et la nature.
Sentiment d'utilité et d'autonomie
La ferme de Sidi Thabet a été créée le 25 janvier 2008, par l'Association Ferme Thérapeutique pour Handicapés de Sidi Tabet (AFTH). En quelques années, elle est devenue un havre de paix pour ses pensionnaires. Les différentes activités auxquels s'adonnent ces derniers et l'accompagnement dont ils bénéficient sont à la base de cette belle réussite. La volonté des responsables de la Ferme, la disponibilité et le professionnalisme de ses animateurs y sont également pour beaucoup.
Les soins que les handicapés prodiguent aux animaux leur donnent un sentiment d'utilité et aiguise en eux le sens contact et de la communication.
Implantée dans une zone agricole à Sidi Thabet, au nord de la capitale, sur une superficie de 7 hectares, et dans un paysage champêtre, la ferme est bien entretenue. Pour preuve: la verdure et la fraîcheur qui règnent dans cet établissement qui accueille 90 personnes.
«La Ferme offre un cadre, des moyens thérapeutiques, une formation professionnelle et un encadrement éducatif appropriés aux handicapés qu'elle accueille et c'est ainsi qu'elle accomplit la mission qu'elle s'est fixée dès sa création», explique Leila Guesmi, présidente de l'association, qui se soucie d'assurer l'autonomie des handicapés et leur insertion sociale.
Les gestes quotidiens apportent aux enfants handicapés une meilleure coordination de leurs mouvements.
Les enfants handicapés croisés dans la ferme sont souriants, joyeux et en parfaite harmonie avec les animaux et la nature. Les soins qu'ils prodiguent aux animaux et les petits évènements rythmant la vie de la ferme leur donnent un sentiment d'utilité. Leur vie ici aiguise en eux le sens contact et facilite chez eux la communication avec les autres. Les gestes quotidiens qu'ils apprennent leur apportent une meilleure coordination de leurs mouvements, à travers des tâches simples, répétitives et qui, une fois acquises, deviennent valorisantes.
Dans la salle de soins animaliers, les bêtes offrent une certaine tendresse à des enfants qui en demandent et qui le rendent souvent bien. Les caresses infinies que les handicapés prodiguent aux animaux les rassurent et leur redonnent force et confiance. Dans cet échange, qui calme et tranquillise, les petits et les grands retrouvent une certaine paix intérieure et se réconcilient avec le monde extérieur.
Un large sourire et une lueur de joie dans les yeux.
Dans chaque atelier, les enfants accueillent les visiteurs de manière chaleureuse, avec un large sourire et une lueur de joie dans les yeux. Ils s'appliquent à exécuter des tâches en relation avec la formation professionnelle qui leur est dispensée. Ces tâches les aident à développer leurs capacités physiques et mentales et à gagner, ainsi, en autonomie sur les plans personnel et professionnel. C'est ainsi aussi qu'on les prépare à vivre en société.
Un apprentissage utile
«Nous veillons à ce que ces jeunes fassent un apprentissage utile et qu'ils vivent de la formation qu'on leur a offerte. Soit en tant qu'employé, soit en tant que chef d'entreprise quand cela est possible», explique Mme Guesmi.
Leila Guesmi et l'ambassadeur du Royaume en Tunisie, Hamish Cowell, au centre, lors de la visite de la ferme.
Les responsables de la ferme ont pour mission d'encadrer et de former les élèves par une équipe pédagogique regroupant des formateurs, des zoo-thérapeutes, des orthophonistes ainsi que des psychologues.
Le «Poulailler Bio» vient enrichir les activités de la FTH. La visite a, d'ailleurs, permis d'évaluer la contribution de ce projet, initié par Souk At-tanmia, et de mesurer sa dimension sociale et inclusive.
«Le projet de "Poulailler Bio" va soutenir le programme de formation professionnelle en techniques agricoles pour les jeunes handicapés favorisant ainsi leur intégration professionnelle et pourvoyant au budget d'exploitation de la Ferme à travers la commercialisation des produits du Poulailler fermier», a expliqué Theus Florian, le coordinateur de l'initiative et économiste social à la BAD.
«Suite à l'étude du projet, à la finalisation du business plan, et le déblocage des 18.000 USD en deux tranches, nous avons pu financer l'aménagement du poulailler et l'installation d'un parcours hivernal, la certification Bio avec l'organisme de certification Mediterranean Institute of Certification et l'achat de 200 poussins et poules pondeuses pour démarrer nos activités», a déclaré, pour sa part, Moufida Houimli, jeune ingénieur agricole et chargée du projet.
L'ambassadeur Hamish Cowell, Theus Florian (BAD) et Leila Guesmi.
«Nous avons élaboré un programme de formation pour 12 élèves par an en collaboration avec le ministère de l'Agriculture et l'Agence de formation professionnelle agricole (AFPA) avec la création de 4 postes d'emplois permanents pour des jeunes formateurs en agriculture et ingénieur agricole», a-t-elle ajouté.
Quant à l'ambassadeur Hamish Cowell, il s'est dit très satisfait de l'état d'avancement du projet Poulailler Bio, et a encouragé les responsables de la ferme à poursuivre leur action avec le même sérieux et esprit de créativité.
