Hamda Saïed, le mufti de la république, est poursuivi en justice pour avoir accusé le premier président de la Tunisie, Habib Bourguiba, d’avoir aidé le terrorisme à s’implanter dans le pays.
Des habitants de Monastir et Ksar Hellal, respectivement ville natale et berceau du Néo-Destour, parti nationaliste fondée par Habib Bourguiba en 1934, ainsi que l’Institut des études bourguibiennes, ont chargé un collectif d’avocats de déposer une plainte contre le mufti Hamda Saïed pour diffamation et induction en erreur du peuple tunisien à propos de l’histoire de son pays, indique le quotidien ‘‘Al Maghreb’’, dans sa livraison du mercredi 23 octobre. Hamda Saïed a déclaré, la semaine dernière, sur la chaine de télévision nationale Watania 1, que Bourguiba est le premier dirigeant politique à avoir laissé le terrorisme se propager dans le pays, depuis le jour où il a enlevé le voile aux femmes et demandé aux gens de ne pas jeûner pendant ramadan. Selon l’imam modéré Farid Béji, président de l'Association Dar El Hadith Zeitouni, Hamda Saïed a tourné définitivement le dos à l’islam sunnite malékite achaârite enseigné à la mosquée Zitouna et s’est reconverti au wahhabisme salafiste en provenance des pays du Golfe pour des raisons politiques. M. Saïed, imam de la mosquée du souk de Beni Khiar (Nabeul) et président de l'Association coranique de Nabeul, était, dans une vie antérieure, un collaborateur averti à Ben Ali. Et un adepte de la polygamie. Il avait été élu à la Chambre des députés (1989-1993) sur une liste du RCD, l’ancien parti au pouvoir. Ce passé peu glorieux ne l’a pas empêché d’être nommé, début juillet, mufti de la république, par Moncef Marzouki, président provisoire de la république, pour remplacer Othman Battikh. Ce dernier a déplu à Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir, parce qu’il a condamné le jihad des Tunisiens en Syrie et déclaré que le jihad nikah est une forme de prostitution. Trop c’est trop. Les Sadok Chourou, Habib Ellouze et Rached Ghannouchi, et tous les dogmatiques d’Ennahdha, ne pouvaient accepter cela... M. Saïd, qui à l’échine plus souple et la foi à géométrie variable, a été imposé par Ennahdha à «son» tartour de président, Moncef Marzouki, qui s’est exécuté au quart de tour pour le nommer. Z. A. |