En réaction à l'histoire des sangliers rôdant, mercredi soir, à la Cité Ennasr, le maire de l'Ariana pense que rien ne prouve que ces bêtes aient bien été dans la zone et prie les journalistes de ne pas en faire une montagne et nuire ainsi à l'image du pays.
Par Zohra Abid
Après avoir démenti l'information et déclaré que la ville de l'Ariana est réputée pour sa propreté – malgré «le manque de véhicules de ramassage d'ordures incendiés lors des évènements de la révolution» (sic !)–, le maire de la «cité des roses» (re-sic !), Karim Helali, s'est défoulé sur les journalistes.
Ce n'est pas moi, c'est l'autre...
Selon lui, les vidéos partagées sur les réseaux sociaux ne prouvent pas que ces sangliers étaient bien croisés à la Cité Ennasr et que les médias sont en train d'exagérer l'information et de faire n'importe quoi pour donner une mauvaise image du pays.
Confronté en direct aux témoignages d'auditeurs ayant bien vu ces sangliers devant chez eux, le maire explique, sur Mosaïque FM: «Le phénomène existe dans le monde entier. Dans cette zone, qui s'étend entre la région de Mnihla et la Cité Riadh Al Andalous, et où se trouve le quartier Ennasr 2, les sangliers évitent souvent les zones urbaines, mais peuvent descendre des hauteurs d'Ennahli pour chercher de la nourriture et ceci n'est pas un phénomène nouveau».
Donc, les sangliers ont bel et bien été vus au quartier Ennasr et ne sont pas le fruit de l'imagination des journalistes! Ces bêtes ont été attirées par les ordures qui s'amoncellent dans ce quartier huppé. Or, le rammassage de ces ordures fait partie des charges de M. Helali...
Les sangliers s'alimentant aux tas d'ordures amassées devant le villas et résidences huppés d'Ennasr.
Ne voulant assumer aucune responsabilité dans cette affaire, qui a fait des gorges chaudes dans la capitale, le maire de l'Ariana n'a pas tardé à trouver un autre «coupable» que les journalistes. Dans un bel élan de solidarité avec le gouvernement qui l'a nommé, il a expliqué, sans craindre le ridicule, que les sangliers sont du ressort du ministère de l'Agriculture et ne dépendent pas de la mairie de l'Ariana, qui souffre, par ailleurs, d'un manque flagrant de matériels et d'équipements.
Ce manque de moyens n'a cependant pas empêché la mairie de consentir des efforts énormes en faisant abattre, depuis juillet dernier, 580 chiens errants! Les habitants de l'Ariana apprécieront cette performance, en comptant les chiens qui errent encore dans leur quartier...
Je fais ce que je peux...
«De toutes les manières, j'ai adressé un courrier au ministère de l'Agriculture et à l'administration des forêts pour qu'ils s'occupent des sangliers et tranquillisent les citoyens», a encore expliqué.
«Vous, les journalistes, vous exagérer et vous exploitez n'importe quel fait pour nuire aux responsables qui se sacrifient dans l'accomplissement de leurs tâches. Personnellement, je suis un magistrat, et je me suis porté volontaire pour diriger la délégation spéciale (mairie) de l'Ariana par amour au pays», a plaidé Karim Helali.
Quelqu'un a-t-il compris le raisonnement de M. Helali? Résumons: «Il n'y a pas de sangliers à la Cité Ennasr. C'est une intox inventée par les journalistes. De toutes façons, les sangliers peuvent descendre des forêts environnantes dans les zones urbaines pour trouver à manger... à la cité Ennasr. Et, d'ailleurs, ce n'est pas mon affaire. Moi, j'ai fait tuer 580 chiens... Je suis volontaire et je fais ce que je peux».
Les Tunisiens, et pas seulement les habitants de l'Ariana, apprécieront les qualités de ce «maire» non élu, mais imposé par un pouvoir qui a perdu toute légitimité électorale depuis le 23 octobre 2012.