En Tunisie, les centres de dépistage du Sida (syndrome d'immunodéficience acquise) sont ouverts à tous et l'examen est anonyme et gratuit, mais la maladie reste entourée d'un voile de honte et de non-dit.
Par Yüsra N. Mhiri
A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre le Sida, célébrée le 1er décembre de chaque année, le ministère de la Santé organise, en partenariat avec le bureau de l'OMS à Tunis, plusieurs activités de sensibilisation et de prévention, notamment une rencontre-débat, le 29 novembre, sur le virus VIH (virus de l'immunodéficience humaine), responsable de cette maladie contagieuse.
Dépistage anonyme et gratuit
Le Centre culturel et sportif d'El Menzah VI abritera, par la même occasion, une exposition photographique consacrée au Sida, et diffusera, le 30 novembre et le 1er décembre, un long-métrage sur cette pathologie. L'objectif: sensibiliser les jeunes et les moins jeunes sur les modes de contamination, les moyens de prévention et de protection et sur la maladie elle-même, ainsi que les autres pathologies sexuellement transmissibles.
Les visiteurs pourront bénéficier de conseils des professionnels du métier médical et/ou de dépistage du VIH. Ils seront également accompagnés par des cellules d'écoute.
Il est à noter que la Tunisie s'est lancée dans le combat contre le Sida dès les premières apparitions du VIH en 1985, en mettant en place des centres d'orientation et de dépistage, anonymes et gratuits, ainsi que des programmes éducatifs pour sensibiliser les citoyens.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 1.865 personnes atteintes de la maladie ont été enregistrées en Tunisie depuis 1985, dont 55% âgés de 25 à 34 ans... Reste que ces chiffres pourraient être biaisés, car le sida reste encore aujourd'hui un tabou social, automatiquement associé, dans l'esprit d'une majorité des Tunisiens, au sexe, à la drogue et à la débauche. Les sidéens eux-mêmes n'osent pas avouer leurs maladies et peu de citoyens se bousculent pour effectuer les dépistages, même si ceux-ci sont gratuits et anonymes.
En Tunisie, les rapports sexuels non protégés demeurent la cause principale de la transmission du Sida (54%). Il y a donc encore des efforts à faire en matières d'information, de sensibilisation et de prévention.
Un accès plus facile aux préservatifs
Certains préconisent d'élargir ces actions aux institutions éducatives, mais aussi au cercle de la famille, où il doit être permis de parler du VIH et, surtout, des différents moyens de s'en prémunir et d'éviter la contamination.
D'autres proposent un accès plus facile aux préservatifs, grâce à des distributeurs automatiques dans les pharmacies, mais à l'abri des regards.
D'autres songent encore à la mise en place d'un système rigoureux de surveillance de l'utilisation des seringues, vecteur important de transmission de la maladie.
«Beaucoup de jeunes se droguent et, pour faire des économies, les seringues sont utilisées à plusieurs reprises et par différents utilisateurs. C'est ainsi que toutes les maladies contagieuses, notamment le Sida, se transmettent très rapidement», explique Mounir Cheragua, pharmacien à Tunis.
Dans le monde, plus de 36 millions de personnes sont mortes du Sida et le VIH continue d'être un problème majeur de la santé publique.
Il n'y a pas encore de moyen de guérir définitivement de cette infection. En revanche, un dépistage effectué à temps, des traitements efficaces avec des médicaments antirétroviraux permettent aux patients de continuer à mener une vie productive et en relative bonne santé.