noureddine khademi 7 30Cette déclaration dont le ridicule ferait pleurer les Tunisiens sur le niveau intellectuel de leurs dirigeants politiques, on la doit au ministre des affaires religieuses Noureddine Khademi.

Selon ce dernier, qui intervenait, samedi, à l'ouverture d'une conférence sur les «habous» ou «awqaf» (biens de mainmorte), au Centre du Cheikh Fadhel Ben Achour pour la culture et les arts, à la Marsa, la loi sur les «habous» élaborée par le gouvernement islamiste et en cours d’examen au sein de l’Assemblée nationale constituante (ANC) «est un des objectifs de la révolution dans la mesure où elle répond aux revendications des régions et des jeunes en faveur du développement».

Quelqu’un-t-il compris quelque chose à cette lumineuse analyse?

Selon M. Khademi, les «habous», ces fonds (qui seront autant de manques à gagner pour les recettes fiscales de l’Etat) pourraient «contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la création de nouveaux emplois».

Des emplois? Peut-être, et surtout pour les «clients» du parti islamiste Ennahdha et pour ses innombrables associations (religieuses, coraniques ou de pseudo-charité) qui vont en profiter exclusivement. Cela, il ne faut pas être grand clerc pour le comprendre.

Anticipant les réserves des Tunisiens, qui craignent à juste titre une utilisation politique de ce mécanisme de collecte d’argent, le ministre a affirmé que les «habous» ne seront pas le monopole des mosquées et des écoles coraniques, mais engloberont les hôpitaux, centres de recherche, infrastructures et projets de protection de l'environnement. Et on est censé le croire sur parole, lui et ses employeurs islamistes !?

Sami Braham, directeur du Centre du Cheikh Fadhel Ben Achour pour la culture et les arts, à la Marsa, a rappelé, de son côté, que l'ancien président Bourguiba a supprimé les «habous» en raison d'un conflit politique avec l'institution de la Zitouna, ajoutant que «l'Etat indépendant aurait mieux fait de réformer ce système qui était rongé par la corruption».

Et de conclure par cette interrogation qui devrait donner à réfléchir: «Comment peut-on, aujourd'hui, faire des ‘‘habous’’ une loi civile moderniste soumise au contrôle de l'Etat sans aucune instrumentalisation politique et dépasser ainsi les erreurs du passé?».

I. B.