C’est ce que montre l’enquête de l’agence non-gouvernementale auprès de plus de 91.000 personnes dans 86 pays.
Selon ce «Baromètre 2010 de la corruption mondiale», publié le 9 décembre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la corruption, 1 personne sur 4 à travers le monde avoue avoir payé un pot-de-vin au cours de l’année écoulée. Et 6 personnes sur 10 estiment que la corruption a augmenté au cours des trois dernières années.
La crise aggrave le phénomène
«Les conséquences des crises financières continuent à affecter les perceptions de la corruption, en particulier en Europe et en Amérique du Nord», estime Huguette Labelle, présidente de Transparency International.
Si la «petite corruption» ou le bakchich semblent perdurer en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la palme en revient cependant à l’Afrique sub-saharienne où 50% des personnes interrogées disent avoir dû «arroser» pour être servies, contre 32% dans les pays de l’ex-Union soviétique, 23% en Amérique latine, 19% dans les Balkans occidentaux et en Turquie et 11% en Asie-Pacifique. En revanche, seulement 5% des citoyens de l’Union européenne et de l’Amérique du Nord se disent victimes de corruption. Cependant, 73% des Européens et 67% des Américains du Nord pensent que la corruption est un phénomène de plus en plus important dans leurs pays.
En haut du palmarès de la corruption se trouvent l’Afghanistan, le Cambodge, le Cameroun, l’Inde, l’Irak, le Liberia, le Nigeria, les Territoires palestiniens, le Sénégal, le Sierra Leone et l’Ouganda.
La palme du bakchich attribuée à… la police
Le rapport de TI indique que les gens acceptent de corrompre pour éviter des ennuis avec les autorités ou pour accélérer des procédures en cours. Ainsi, 1 personne sur 4 a dû débourser de l’argent dans les services de santé, d’éducation, des impôts ou de sécurité. Souvent, ce sont les populations pauvres et marginalisées qui sont les plus vulnérables aux extorsions.
La palme de la corruption revient à la police. Selon le sondage, 29% des personnes dans le monde, qui ont eu un contact avec des responsables de la sécurité de leurs pays, ont payé un pot-de-vin. Si l’on en croit l’étude, les «dessous-de-table» payés aux policiers, au secteur judiciaire et aux services de l’état civil ont quasiment doublé depuis 2006.
Manque de confiance dans les gouvernements
Autre évolution inquiétante constatée par TI: peu de personnes font confiance en leur gouvernement et leurs hommes politiques. Pas moins de 8 personnes sondées sur 10 pensent que les partis politiques sont corrompus ou extrêmement corrompus. Les parlements et les administrations publiques ne s’en sortent guère mieux. La moitié des personnes qui ont participé à ce baromètre déclarent par ailleurs que les actions de leur gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces.
L’une des rares bonnes nouvelles dans le «Baromètre 2010 de la corruption» est qu’il existe une véritable volonté des citoyens de dénoncer des actes de corruption: 7 participants sur 10 interrogées par cette étude se disent prêts à agir s’ils constatent un acte de corruption. «Il est réconfortant de voir qu’autant de personnes sont prêtes à lutter contre la corruption», constate la présidente de TI, «cette volonté doit faire l’objet d’une mobilisation».
Source : Agences.