Une famille sans-abri s'est installée au milieu des tombes à Teboulba, gouvernorat de Monastir (centre-est). Une loge de fortune où se mêlent les rires des enfants et l'écho sourd et lugubre du cimetière. VIDEO.
Par Yüsra N. M'hiri
L'endroit n'a vraiment pas les attributs d'une lieu habitable, mais la famille en question, ne pouvant plus payer son loyer, a été obligée de trouver un compromis pour éviter la rue: garder le cimetière et, en contrepartie, habiter une loge étroite à l'entrée avec des sanitaires partagés avec les visiteurs.
Najoua, son époux handicapé, et ses 6 enfants.
Najoua, 45 ans, une maman de 6 enfants, témoigne pour Jawhara FM de la tragédie qui l'a frappé après que son mari, devenu handicapé, ait été obligé de quitter son travail. La famille, sans revenu fixe, n'a plus les moyens de payer un loyer.
«Nous n'avions pas le choix, il vaut mieux vivre ici, que dans la rue. Je ne travaille plus, je suis handicapé et je ne peux assumer les charges de ma famille», témoigne, le père, en larmes.
Najoua et son mari handicapé ont accepté de vivre dans un cimetière, car c'est le seul endroit où ils peuvent se loger gratuitement. Et puis c'est le seul moyen d'éviter aux enfants, âgés de 4 à 17 ans, de dormir dans la rue. Reste que la loge est située au cœur du cimetière. Peu spacieuse, elle ne peut accueillir 8 personnes à la fois, les 2 parents et leurs 6 enfants. Et puis, l'habitat (et le mot est inapproprié) est rudimentaire: pas de cuisine, ni d'eau chaude, ni de chauffage, et les sanitaires sont partagés, le jour, pendant les visites et les enterrements. Inutile de s'attarder, ici, sur les aléas de la vie dans une nécropole...
La famille, en charge de l'entretien des lieux, vit dans la misère totale, sur des matelas posés à même le sol, dans le froid et souvent dans la faim...
La balançoire entre les tombes.
La vie parmi les morts est, au mieux, une survie, et, au pire, une mort lente.
En Egypte 2 millions de personnes vivent dans les cimetières dans la seule métropole du Caire, à cause du manque de moyens. En Tunisie, ce phénomène était jusque-là totalement inconnu. Maintenant, on y est. Vive le progrès!