salafistes mosquee al fath 2 13Les imams tunisiens vont aller au Maroc pour apprendre la modération et la tolérance. Il y a quelques années, la formation se faisait dans le sens inverse. Ennahdha et Ansar Charia sont passés par-là...

Le ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques a annoncé, mercredi, que le roi Mohamed VI a accédé à la demande de la Tunisie de tirer profit de l’expérience religieuse marocaine, notamment dans le domaine de la formation des imams.

C’est ce qu’a rapporté l’agence d’information américaine PR Newswire, qui ajoute que le feu vert du souverain marocain répond également à une requête similaire présentée par deux autres pays africains, la Libye et la Guinée.

PR Newswire indique aussi que cette mesure marocaine s’appuie sur la réussite d’un programme similaire mis en œuvre au Mali, depuis l’année dernière. En effet, en septembre 2013, le roi Mohamed VI et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta ont co-présidé la cérémonie de signature d’un accord de coopération religieuse entre leurs deux pays, qui comprend notamment la formation de 500 imams maliens. Le premier groupe d’une centaine de stagiaires maliens est déjà sur place au Maroc, dans le cadre de ce programme «d’initiation aux préceptes de l’islam modéré et tolérant et de lutte contre l’extrémisme».

Commentant l’annonce officielle de ces nouveaux programmes de coopération religieuse, Edward Gabriel, ambassadeur des Etats-Unis au Maroc de 1997 à 2001, a déclaré qu’«aider le Mali, la Tunisie, la Guinée et la Libye dans leurs efforts de promotion d’ un islam modéré et tolérant représente une autre contribution important que le Maroc apporte à la paix, la sécurité et au développement dans cette partie du monde».

Nous pouvons assez facilement deviner que ce volet de la formation d’imams tunisiens au Maroc sera évoqué par Mehdi Jomaâ avec les autorités marocaines, lors de sa visite officielle de deux jours cette semaine.

Nous ne rêvons pas – d’ailleurs, c’est un cauchemar: la Tunisie est devenue pays importateur d’islam modéré et tolérant. A qui imputer ce «déficit de modération et de tolérance» dont souffrirait désormais notre pays?

La réponse est toute simple: à Ennahdha et à une certaine candeur (naïveté, diraient certains) de l’électeur tunisien qui a glissé dans l’urne, le 23 octobre 2011, un bulletin où il a coché la case Ennahdha. Car, en définitive, ce sont «ces honnêtes hommes et femmes qui craignent Dieu» (souvenez-vous de ce slogan électoral nahdhaoui!) qui ont remis en cause notre islamité, ont tenté de redéfinir pour nous tous notre identité et imposer à la Tunisie un islam venant de je ne sais où.

Non contents d’avoir imposé le voile à bon nombre de nos compatriotes du sexe féminin, certains d’entre eux ont même cru devoir aussi les exciser...

Bien évidemment, au passage, notre pays a hérité des calamités de la division islam/laïcité, de la violence politique, du djihadisme, du wahhabisme et du terrorisme.

Au passage, également, la Tunisie n’a plus retrouvé ses stabilité et sécurité, son économie n’a pas fini de souffrir…

En plus de son islam modéré et tolérant, celui de la mosquée Zitouna, qui s’exportait aux quatre coins du monde, le peuple tunisien aurait perdu aussi sa joie de vivre…

Marwan Chahla

Illustration: Depuis que le gouvernement Ennahdha a laissé les salafistes prendre le contrôle des mosquées, les Tunisiens ne se reconnaissent plus dans leur religion.