Les magistrats tunisiens dénoncent, via leur syndicat et leur association, le comportement de certains avocats qui ont agressé verbalement, hier, un juge d’instruction et fait pression sur lui pour faire libérer leur collègue.
Le juge d’instruction de la 5e chambre du tribunal de première instance de Tunis a émis, hier, un mandat de dépôt à l’encontre l’avocate Fatma Mejri, accusée d’avoir escroqué son client. Il a aussi refusé la demande de mise en liberté déposée, vendredi, par la défense. Des avocats se sont alors rassemblés devant le bureau du juge, lui interdisant d'y accéder, et réclamant la libération de leur collègue. Pour échapper à leur colère, le juge a dû faire appel aux forces de l’ordre pour pouvoir quitter le tribunal. Suite à ce mouvement, l’avocate a été remise en liberté. Dans un communiqué, le tribunal a indiqué que les protestataires ont proféré des propos injurieux et attentatoires à son honneur et au prestige du pouvoir judiciaire, entravant la marche du tribunal. «Ils ont empêché le juge d'instruction d'accéder à son bureau en dépit de la présence du bâtonnier de l'ordre des avocats et du président du bureau régional du barreau de Tunis», a précisé le communiqué, ajoutant que l'incident a atteint le stade de la menace de l'intégrité physique du juge d'instruction dans l'enceinte même du tribunal, ce qui a nécessité son évacuation sous escorte. Les avocats empêchent le juge d'instruction de quitter son bureau. «Les protestataires ont pourchassé le juge d'instruction à l'extérieur du tribunal pour l'agresser physiquement et verbalement et l'empêcher de monter dans sa voiture, proférant des menaces à son encontre», précise encore le communiqué. Contacté par l'agence Tap, le bâtonnier a refusé toute déclaration au sujet de cet incident et du communiqué du tribunal. En réaction à cet épisode, le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) a appelé à une grève générale d’une journée pour le lundi 24 février. L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a appelé, elle aussi, ses adhérents à observer un mouvement de protestation de trois jours, à partir de lundi 24 février, en retardant les audiences de deux heures. Z. A. (avec Tap) |