La cinéaste Nadia El-Fani, dans une interview à ‘‘360°’’, un blog homosexuel suisse, s’insurge contre la détérioration de la situation des homosexuels en Tunisie, depuis la Révolution.
Politiquement, déclare-t-elle, les choses ont certes évolué, mais sur le terrain des droits et des libertés de la minorité homosexuelle, «rien n’a changé»: «les homos se trouvent en prison sur simple dénonciation», dit-elle. La réalisatrice lesbienne, qui a choisi de s’installer à Paris depuis 2002, pointe un doigt accusateur contre la montée des extrémismes en Tunisie. Elle dénonce, pêle-mêle, les islamistes, les xénophobes, les racistes et les nationalistes. Elle explique qu’«à la chute de Ben Ali, le peuple a obtenu la liberté de parole», mais qu’«aujourd’hui on a un gouvernement, composé majoritairement de tous ces extrêmes, qui ne représente pas tous les Tunisiens». Il reste toujours facile, pour une artiste aussi «cheveu-sur-la-soupe» que Nadia El-Fani, de venir, de temps à autre, brouiller les cartes de la Révolution et tenter d’imposer son sujet de prédilection. Du confort de son exil parisien, Mme El-Fani oublie souvent que le 14 janvier a ses priorités premières, et d’autres qui sont deuxièmes, troisièmes, et ainsi de suite. Egalement, l’opposition progressiste a sa méthode et ses objectifs. Elle ne confond pas l’essentiel et le secondaire. Alors que la Révolution a eu lieu pour défendre le droit à l’emploi, par exemple, les progressistes seraient mal inspirés d’inclure dans leurs programmes et stratégies les revendications de la communauté homosexuelle, ainsi que semble le revendiquer Nadia El-Fani dans son entretien avec ‘‘360°’’. Déjà qu’ils ont du mal à se faire entendre sur des sujets beaucoup moins sujets à polémique... Il s’agit d’une simple question de bon sens révolutionnaire: nos Femen, nos lesbiennes et nos gays devront apprendre à être patients. La Révolution ne pourra pas servir tout le monde, tout de suite et toutes les minorités à la fois. D'autant qu'il y a une majorité qui n’en peut plus d’attendre… Marwan Chahla |