Chokri-Belaid-Enquete-judiciaireLa famille de Chokri Belaid a décidé le pourvoi en appel de la décision du juge d'instruction de clore l'enquête sur l'assassinat du dirigeant de gauche.

«Tant que le juge d'instruction se refuse à traiter l'affaire Belaid comme un crime d'Etat, il sera difficile de dévoiler les instigateurs de ce crime ni ceux qui ont donné l'ordre de tuer ou ceux qui cherchent à camoufler le crime», a déclaré, dimanche, Charfeddine El Kellil, membre du comité de défense dans l'affaire du meurtre de Chokri Belaid, tué par des extrémistes religieux le 6 février 2013.

«Le juge d'instruction a traité le dossier de manière superficielle et dans un climat de grande tension politique ce qui a perturbé le déroulement de l'affaire», a-t-il ajouté, soulignant que certaines parties politiques et responsables sécuritaires auraient dû être auditionnés.

Me El Kellil a aussi relevé que le juge d'instruction n'a pas donné suite à la demande de la défense de dévoiler la liste des communications reçues sur le téléphone portable du présumé terroriste Ahmed Rouissi (en fuite), estimant que «la publication de cette liste aurait aidé à révéler l'identité de plusieurs personnalités politiques et sécuritaires impliquées dans l'assassinat de Belaid.»

Il a aussi estimé que le juge d'instruction a commis «une erreur» en omettant de se déplacer pour une perquisition au domicile de Ahmed Rouissi, a-t-il encore précisé.

«L'échec de la procédure judiciaire dans l'affaire Belaid est essentiellement le résultat du refus du juge d'instruction de procéder aux actions préparatoires, ainsi que de la lenteur de la procédure malgré la multiplication du nombre des accusés dans cette affaire», a également estimé Me El Kellil.

Le comité de défense dans l'affaire de Belaid et plusieurs associations avaient annoncé de porter plainte contre l'Etat tunisien auprès de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples.

L'article 56 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples stipule que toute requête déposée auprès de la cour africaine «doit être postérieure à l'épuisement des voies de recours internes s'ils existent, sauf s'il apparaît que les procédures internes sont anormalement prolongées».

I. B. (avec Tap).