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Propriétaires du «Jamila's Café» dans la capitale de l'Etat de Louisiane, aux Etats-Unis, Jamila et Moncef Sbaa ont été, depuis une vingtaine d'années, de fidèles restaurateurs de la ville.

Par Marwan Chahla

Cette année, le parcours professionnel irréprochable de ce couple originaire de Mahdia leur a valu un long article laudateur de Brett Anderson, chroniqueur gastronomique renommé du ''Times-Picayune''  de la Nouvelle-Orléans, temple d'un des festivals de jazz américains les plus sacrés.

L'auteur de cet article, intitulé «Jamila's Brings a taste of Tunisia to New Orleans Jazz Fest» (Le Jamila's Café apporte un goût de Tunisie au Festival de jazz de la Nouvelle Orléans), menant son enquête sur la bisque du «Jamila's Café», a découvert l'histoire d'amour qui a uni ce couple, aujourd'hui dignes ambassadeurs de la cuisine mahdoise aux Etats-Unis.

Tout était là dans les gènes

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Jamila's Cafe à Maple Street, Nouvelle-Orléans.

Rien de bien particulier, en somme, pour des Tunisiens de cette génération: les deux mères mettent en contact Jamila et Moncef; ceux-ci correspondent, décident de s'épouser, de donner une chance à leur destin et d'entamer une aventure américaine... à près de 9.000 kilomètres de la Tunisie.

Le reste est donc une affaire d'assiduité, de résilience, de savoir-faire, d'authenticité, et d'hospitalité que les clients du «Jamila's Café», sur cette artère de la Maple Street de la Nouvelle-Orléans, savent apprécier.

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La déco aussi est tunisienne...

C'est Moncef qui a été le premier à prendre le départ de cette expédition américaine. Il arrive en Louisiane dans les années 1980. Il débute sa vie professionnelle comme entraîneur de football dans un camp d'été et, en parallèle, une carrière dans la restauration à Mandeville. Et, très vite, Moncef devient gérant d'une référence gastronomique de la Nouvelle-Orléans, le «Stephen & Martin» où les consommateurs se ruent pour consommer la soupe de tortue de ce bistro créole.

A la même époque, un arrangement familial a permis d'établir le contact entre Moncef, aux Etats-Unis, et Jamila, qui revenait tout juste à Mahdia après une année de séjour linguistique à la Nouvelle-Orléans, où elle a enseigné le français. Leur correspondance a très vite fait naître l'idée du mariage. «C'est comme cela que c'est arrivé. Tout simplement. C'était peut-être précipité, mais ça devait se passer ainsi», se souvient Jamila Sbaa.

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Les produits et les saveurs du pays natal. 

Installé ensemble en Louisiane, le couple n'avait qu'à suivre le chemin déjà tracé par Moncef Sbaa, c'est-à-dire la restauration et, si possible, chercher à se distinguer dans la jungle gastronomique de la Nouvelle-Orléans.
Moncef et Jamila Sbaa n'hésitèrent pas un seul instant et optèrent pour l'art culinaire mahdois, tunisien et nord-africain.

Pour cela, Moncef et Jamila n'iront pas «chercher très loin». Tout était là dans leurs gènes. Il suffisait de puiser dans leur culture et leur éducation: Jamila a hérité de sa mère ses talents de cordon bleu, la cuisinière à laquelle toute la famille faisait appel pour les grandes et petites occasions; et Moncef a hérité de ses parents cet instinct du «tout manuel» et cette tradition du «tout bio». C'est sur ce socle primaire du terroir mahdois qu'allaient donc se construire l'aventure et la réputation du «Jamila's Café».

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La cuisine mahdoise à l'honneur.

Le jour où ils décidèrent de lancer leur affaire, un ami du couple, Aidan Gill, les aida à dénicher un emplacement idéal, sur la très fréquentée Maple Street. C'est là, donc, que Jamila et Moncef Sbaa, depuis 1994, travaillent à faire connaître la cuisine tunisienne qui, selon Brett Anderson, «est une nourriture polyglotte (...), le produit d'un brassage savant des différentes cultures qui se sont rencontrées à travers les âges dans cette partie de l'Afrique du nord».

Le rêve américain se réalise pour les Sbaa

Le choix du nom du restaurant a également été facile, car il s'agissait d'une simple affaire de «galanterie» tunisienne. Brett Anderson rapporte cet échange courtois du couple qui a donné naissance à «Jamila's Café»: «Jamila me dit: 'Moncef, cela a été ton rêve. Donnons-lui ton nom'. Je lui répondis: 'Non, il portera le tien'. Et je choisis Jamila's Café».

Aujourd'hui, le rêve de Jamila et Moncef Sbaa se porte bien: le couple est bien installé, leur affaire marche très bien et leurs enfants fréquentent les écoles privées les plus prestigieuses de la ville...

Leur parcours a certes été quelque peu contrarié par l'ouragan Katrina, en août 2005, mais, très vite, le couple Sbaa s'est ressaisi, a repris du service et leur «Jamila's Café» a rouvert ses portes, le jour de la Saint Valentin 2006. Depuis, ils ont également renoué avec le succès.

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Une salade tunisienne adaptée au goût des Américains.

Toujours selon la même formule de partage des tâches: Jamila Sbaa, derrière les fourneaux, et Moncef Sbaa, dans la salle, travaillant dur pour faire apprécier le tajine au mouton, les merguez et autres mets tunisiens et les plats maghrébins qui figurent, cette année aussi, au menu spécial que le «Jamila's Café» réserve au Jazz Fest, l'annuel New Orleans Jazz & Heritage Festival.

La réussite de Moncef et Jamila Sbaa au pays de l'Oncle Sam, là où la concurrence et l'excellence sont une religion, n'a certainement pas été une promenade de santé. La success story du couple mahdois reste la preuve indéniable que la «tunisianité» est faite aussi de sérieux, de rectitude, d'ouverture, de bonne intuition, d'adaptation et d'ouverture.

 

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