Avenue-Habib-Bourguiba-Banniere

Comme la réforme du système sécuritaire est encore à faire et que les policiers ripoux sont partout, le seul moyen pour se défendre contre l'arbitraire, c'est de le dénoncer, encore et toujours et jusqu'au bout.

Par Imed Bahri

La première scène s'est produite hier dans un café d'une grande avenue de la capitale. A la terrasse, un grand gaillard entouré de trois hommes gesticule en proférant des menaces contre une personne visiblement absente. Son accent provincial accentué et sa voix haute attirent les quelques clients attablés sous les parasols. Ce sont des «sourtis», policiers en civil, me chuchote un habitué, s'apercevant que je suis gêné par tant de vacarmes. Une demi-heure plus tard, ils ont disparu soudainement laissant une table ou jonchant les cadavres des bouteilles de sodas et des étuis de cigarettes vides. Je voulais payer mais pas de trace du serveur. Après une demi-heure, il est revenu le visage livide et prêt à exploser!

Devant mon étonnement, il m'expliqua qu'il était parti sur les trousses du grand gaillard et ses amis parce qu'ils avaient «oublié» de payer leurs consommations.

Selon le serveur ce policier en civil, qui occupe un poste dans l'administration, aurait refusé de payer sans donner d'explications. C'était sans compter avec la détermination du garçon de café qui n'a pas voulu céder et l'a trainé jusqu'au poste de police voisin. C'est là où, mis devant le fait accompli, il a sorti de ses poches 9 dinars et des poussières.

On peut tirer deux morales de cette première histoire: la première est qu'il y a toujours des «ripoux» dans la police! La seconde est qu'il y a maintenant des citoyens qui sont prêts à défendre leurs droits jusqu'au bout.

Il faut noter que cette histoire n'aura pas de suite juridique puisque le garçon n'a pas porté plainte malgré les menaces et injures proférées par le supposé gardien de l'ordre.

La seconde scène s'est produite à 5 heures du matin sur l'autoroute Tunis-Hammamet. Quatre femmes en voitures, après avoir passé une nuit dans un hôtel, s'étaient vues braquer par des malfaiteurs qui les ont dépouillées de leurs bijoux, leur argent et leurs portables en pleine autoroute. Elles étaient, visiblement, suivies dès leur départ. Continuant leur route pour aller déposer plainte, elles trouvèrent un motard et lui racontèrent leur péripétie. «30 dinars et je vous les ramène menottes au poing», a-t-il assuré, selon une des victimes. Difficile à croire car la somme reste dérisoire par rapport à la fortune «envolée» mais toujours est-il que cette version circule et beaucoup sont prêts à croire en sa véracité.

La morale de cette histoire est qu'il ne faut plus circuler en voiture à 5 heures du matin quand on est une femme ou même quand on est à 4 dans le véhicule. Même encore quand on est escorté par un motard.
 Mais la morale de toutes les morales c'est que la réforme de notre système sécuritaire est à refaire. Des «ripoux», il y en a dans toutes les polices du monde, indépendamment du système politique. Un seul moyen qui a fait preuve de son efficacité: dénoncer, dénoncer toujours et tous le temps les brebis galeuses!

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