Une marche citoyenne s'est tenue, vendredi 30 mai 2014, au centre-ville de Tunis, pour dénoncer la violence et appeler à l'union sacrée contre le terrorisme.
Par Yüsra N. M'hiri
La marche a été organisée à l'appel du Front populaire (coalition de partis de gauche) après l'attaque terroriste, dans la nuit de mardi 27 mai 2014, contre la maison du ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, à Kasserine (centre-ouest), qui a causé la mort de 4 agents de sécurité.
Des dizaines de citoyens, soutenus par les dirigeants du Front populaire (Hamma Hammami, Zied Lakhdhar, Riadh Ben Fadhl, Ahmed Seddik entre autres) et d'autres figures historiques de la gauche, notamment Jounaidi Abdeljaoued, membre du bureau politique d'Al-Massar, se sont rassemblés à la Place Ibn Khaldoun, entre le siège de l'ambassade de France et la cathédrale de Tunis, avant d'effectuer une marche jusqu'à la place du 14-Janvier 2011, quelque 200 mètres plus loin, en face du siège du siège du ministère de l'Intérieur.
Ahmed Seddik et Hamma Hammami ouvrant la marche.
Les slogans scandés par les manifestants appelaient à l'union sacrée face aux groupes terroristes qui infestent la région et dont les opérations deviennent de plus en plus sanglantes. Signe de cette union: les drapeaux des partis étaient quasiment absents, seul le drapeau national avait droit de cité.
«Unis, nous ne laisserons pas le terrorisme nous intimider. Nous ferons face car nous n'avons pas peur»; «Ensemble, nous serons toujours forts. Nous vengerons nos martyrs et vaincrons le terrorisme»; «La Tunisie est une terre de paix, le terrorisme n'y a pas de place», pouvait-on notamment lire dans les pancartes.
Une seule bannière pour tous les Tunisiens...
Devant le ministère de l'Intérieur, certains manifestants se sont mis à crier: «Le peuple veut traduire en justice Lotfi Ben Jeddou et Ali Larayedh». Ils reprochent à l'actuel ministre de l'Intérieur et à son prédécesseur d'avoir laissé prospérer l'extrémisme religieux et les cellules terroristes dans le pays et d'avoir caché à la justice des données importantes sur l'implication de dirigeants politiques et de hauts cadres sécuritaires dans les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, a présenté de nouveau, au nom de tous les Tunisiens, ses condoléances aux familles des 4 agents de sécurité tués dans l'attaque de Kasserine. Il a appelé les Tunisiens à rester solidaires avec les agents de sécurité dans leur combat contre le terrorisme.
«Nous les soutenons parce qu'ils protègent notre pays et risquent leur vie pour la patrie», a lancé M. Hammami. «La Tunisie a besoin d'une police républicaine qui sache défendre les siens et qui ne soit pas politisée ou travaillant pour des forces qui cherchent à semer la terreur et le chaos», s'est-il cependant empressé d'ajouter, tout en appelant les autorités à fournir plus de moyens et d'équipements aux forces de l'ordre afin qu'elles puissent mieux se défendre face à des groupes terroristes surarmés et suréquipés et faire régner la sécurité sur l'ensemble du territoire.
«La Tunisie est libre et le terrorisme ne passera pas».
Hamma Hammami a annoncé qu'un deuxième Congrès national contre la violence et le terrorisme sera bientôt organisé et appelé la justice à être plus réactive et à prendre au sérieux certains témoignages pouvant l'aider à faire avancer les différentes enquêtes en cours sur les attentats et les assassinats commis par des réseaux terroristes.
A la fin de la marche, les participants ont entonné l'hymne national et repris un choeur un slogan dont l'écho résonnera longtemps à l'Avenue Habib Bourguiba, symbole de la révolution tunisienne: «La Tunisie est libre et le terrorisme ne passera pas».
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