Autour d'un puits, un verger, une école, un dispensaire, une bibliothèque et des clubs: la vie des 5000 habitants de Bir Salah (Sfax) s'organise peu à peu grâce au projet «Village».
Par Zohra Abid
C'est l'opérateur Orange Tunisie, appuyé par la Fondation Orange (France), qui a financé la plus grande partie de ce projet visant à lutter contre la pauvreté, le chômage et l'exclusion. L'association Ajmi Toumi en a assuré le suivi sur place.
Après le succès du projet «Village» à Bir Salah, Orange Tunisie va poursuivre ses actions citoyennes dans d'autres régions. Un appel à projets a, d'ailleurs, été lancé, en mars dernier, dans le cadre de ce programme. Il concerne l'année en cours. Les associations opérant dans les régions sont appelées à contribution pour aider à redonner espoir aux démunis.
Les écolières en tenue de paysannes de Bir Salah.
Retour au village
Deux semaines après l'inauguration officielle du «Village» Bir Salah, en présence de tous les acteurs, officiels et officieux, petits et grands se souviennent encore de ce lundi 26 mai 2014, lorsqu'ils ont mis leurs plus beaux vêtements et sont sortis pour accueillir leurs hôtes (et parrains) ayant reconstruit, en béton, les fondements de leur avenir.
«Aujourd'hui, il y a un puits et tout le monde en profite dans les environs. En plus, l'école a été rénovée avec ses 7 classes, sa cantine, ses clubs, ses toilettes... Tous ces espaces ont été équipés (tables, chaises, tableaux, ordinateurs et tout ce qu'il faut pour le Net). Près de 700 cartables de bonne qualité ont été distribués aux élèves, avec la fourniture scolaire pour toute l'année. Ce qui se passe chez nous, nous ne l'avons même pas imaginé dans le rêve», raconte Ali Ben Mabrouk Aroussi, un homme sans âge et qui fut proche du fondateur de l'association, feu Ajmi Toumi. Il était assis à côté d'un paysan, à l'ombre d'un olivier, sirotant son thé et scrutant le paysage familier aux alentours.
Une école rénovée et équipée par les soins d'Orange.
M. Aroussi enchaîne: «Même la télévision a débarqué à Bir Salah et la cérémonie a été diffusée sur toutes les chaines. Nous avons vu nos voisins à la télévision. Notre joie est indescriptible. Aujourd'hui, on est fier d'appartenir à ce village».
Un livre-souvenirs
Ce jour-là, il y a eu, il est vrai, une fiesta à l'école qui sentait encore l'odeur de la chaux. Au menu : un banquet de petits et grands plats (avec du pain tabouna, harissa berbère, salade variée et autre mechouia, couscous spécial, fruits de saison et, pour tout digérer, un bon thé parfumé à la menthe). Le fond musical n'a pas été négligé, puisque la Chorale Orange, mise à contribution, a agrémenté la cérémonie et enchanté les présents en interprétant quelques chansons de feu Mohamed Jamoussi, enfant de la région. Bravo les filles et les garçons.
La Chorale d'Orange se joint à la fête.
Les villageois, séduits, répètent encore en chœur certains refrains inoubliables. Ces mêmes gens ont été, il y a 3 ans, marqués par tout autre chose.
Certaines chaines de télévision ont diffusé des images tristes de ce «bled» situé à 53 km de Sfax. Un village privé d'eau pendant plusieurs semaines, en plein été et les habitants criant soif. «C'était au mois de ramadan. Chaque été, on souffre des coupures successives d'eau. Le forage du puits nous a redonné espoir, il y a déjà de l'eau, qui plus est gratuite», se souvient M. Aroussi.
Didier Charvet, directeur général d'Orange Tunisie.
Finalement, c'est grâce à ce reportage qu'une belle histoire est née. Après avoir eu des contacts, l'étude a été effectuée par la Fondation Orange et très vite le projet a été lancé par Orange Tunisie, en collaboration avec l'association Ajmi Toumi, fondé par ce natif de la région, émigré à Marseille, mais qui n'a pas oublié les siens.
Le puits, l'eau, le verger, la vie, l'éducation...
Regardons de l'avant
«L'objectif de la Fondation Orange, qui œuvre dans plusieurs pays où le groupe Orange est présent, c'est de permettre aux populations de vivre dans la dignité. Je suis très émue aujourd'hui de partager la joie de la population de Bir Salah, un exemple de réussite à suivre», a lancé Mireille Levan, présidente de la Fondation Orange. Et de préciser que l'amélioration de la vie ne se fait qu'à travers l'éducation, l'accès aux soins, l'eau, l'amélioration de la condition féminine et l'inclusion numérique.
Mireille Levan de la Fondation Orange.
Didier Charvet, directeur général d'Orange Tunisie depuis septembre 2012, qui était accompagné de son staff, notamment d'Asma Ennaïfar, directrice des relations extérieures depuis juillet 2010, a fait part de l'enthousiasme que lui inspire ce projet qui a commencé à changer la vie quotidienne des villageois.
Autour du puits, un verger planté, en 2013, de 500 acacias. 700 autres arbres vont être plantés, précise Sara Toumi (fille de Ajmi Toumi). Ce projet, qui vise aussi à lutter contre la désertification touchant la zone, va aider à créer de nouveaux emplois qui généreront des revenus pour les femmes et les jeunes du village. Pour Sara, «la vie a bien changé au bled. L'année est riche en réalisations dans le dispensaire, comme dans les espaces culturels, éducatifs et sociaux. Nos partenaires nous ont apporté de l'espoir et montré que rien n'est impossible. Si on veut, on peut».
Sara Toumi présidente de l'Association Ajmi Toumi.
Tel père telle fille
Sara née en France, il y a 26 ans, fruit d'un mariage mixte. Elle a fait ses études à Paris Sorbonne. Après son master en communication, elle a décidé de rentrer définitivement en 2012 au bled. Aider son village est, pour elle, plus qu'un devoir : un sacerdoce. L'association fondée par son père (et qui porte son nom) et qu'elle gère avec enthousiasme et rigueur, compte aujourd'hui 12 membres. «Pour la rénovation de l'école construite en 1963 et autres projets, Orange nous a versé la somme de 329.500 DT. Le ministère de l'Education a participé par une enveloppe de 80.000 DT», précise-t-elle.
Asma Ennaifer, directrice des relations extérieures à Orange Tunisie.
Sara est comblée. Comblée de voir les femmes et les hommes de Bir Salah épanouis et d'y être elle pour quelque chose, en chapeautant le projet «Village». «Tout est là, ils n'ont qu'à retrousser leurs manches et travailler», raconte-t-elle à Kapitalis, tout en rendant hommage à l'équipe d'Asma Ennaïfer, responsable d'Orange, une société qui cherche à venir en aide aux régions et booster les PME en leur donnant les premières semences et une graine d'espoir.
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