L'école privée Jean-Jacques Rousseau à la Cité El Ghazala (Ariana) a été évacuée hier par la force publique. Ce qui a traumatisé les élèves âgés entre 6 et 10 ans, en plein examen.
Par Zohra Abid
Mardi matin, les classes sont fermées. Les enseignants sont sous le choc. Des dizaines de parents, très en colère, sont rassemblés, devant l'établissement pour connaître les raisons de cette décision prise en plein examen. Ils se sont tous absentés de leur travail et peinent à croire qu'on ait pu arriver à un tel excès.
«Peu importe le motif, on n'a pas à faire une chose pareille devant des petits choqués d'interrompre l'examen et de voir des policiers claquant les portes, disant des grossièretés et les bousculant à droite et à gauche», raconte une parente, qui a décidé de ne pas aller à son travail à l'aéroport avant que tout soit rentré dans l'ordre. Elle était elle-même traumatisée.
Selon nos sources, le directeur n'a pas payé plusieurs mois de loyer au propriétaire des murs et le tribunal a ordonné leur évacuation immédiate. «Ce jugement a été exécuté toutes affaires cessantes, sans aucune considération pour les petits ou pour leurs parents», raconte un banquier à la Cité El Ghazala, qui avoue avoir inscrit sa fille à l'école Jean-Jacques Rousseau parce qu'elle jouit d'une bonne presse.
«Alors que les petits étaient en plein examen, les agents de la police ont fait irruption et évacué les salles par la force, les fermant à clef et poussant les petits dans l'escalier jusqu'à une petite cour à l'entrée. Il fallait voir l'état de ces élèves quand ils ont vu les agents de police débarquer en pleine classe et comment ils ont dû ranger à la hâte leurs stylos et cahiers. Il fallait voir le comportement de la police avec le personnel de l'administration, c'est vraiment honteux», enchaine une institutrice en pleurs.
«En récupérant hier mon fils, j'étais étonnée de le voir avec d'autres petits dans la cour. Dès qu'il m'a vue, il a éclaté en pleurs et m'a raconté la scène, en répétant le chapelet de mots grossiers lancés par les agents de police», ajoute une autre femme.
Pour justifier leur intervention de la veille, des agents de la police sont revenus aujourd'hui sur place pour expliquer aux parents la raison de cette évacuation à l'improviste et leur dire qu'ils n'ont fait que leur boulot, sans plus.
Les parents en colère contre les agents de l'ordre qui ont traumatisé leurs enfants.
Selon un autre parent, le directeur dispose de documents prouvant qu'il est en règle avec le propriétaire. Sauf qu'en vérité, il a payé par chèques et les chèques étaient sans provision. Aussi un jugement en référé a-t-il ordonné l'intervention de la force publique pour évacuer les lieux.
«Voilà où nous en sommes aujourd'hui, si c'était dans un autre pays qui respecte l'enfance, les autorités seraient intervenues pour trouver une solution et épargner aux enfants le traumatisme qu'ils ont vécu», lâche une jeune maman.
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