Lotfi Saïd a été violemment agressé, hier, alors qu'il essayait de prendre des photos de travaux publics «douteux» sur une chaussée à Bizerte (nord-est).
Par Yüsra N. M'hiri
Il était environ minuit, hier, lorsque Lotfi Saïd, vice-président de l'Organisation nationale de la lutte contre la corruption (ONLC), a appris que des travaux controversés de la chaussée au centre-ville de Bizerte, près du lycée jeunes filles, ont été entamés, alors que son organisation avait dénoncé des faits de corruption sur le projet.
En effet, selon le vice président de l'ONLC, les coûts présentés à la mairie seraient au-delà des besoins réels. Il en avait parlé au maire de la ville et les travaux devaient être suspendus le temps de faire les vérifications nécessaires.
Une histoire de petit trou au milieu de la chaussée...
Contacté par Kapitalis, la victime revient sur les faits : «J'ai voulu prendre des photos, puisque le simple fait de procéder inhabituellement aux travaux à minuit était pour moi une raison supplémentaire justifiant mes doutes sur ce dossier», explique-t-il. Il poursuit : «Dès que le maire adjoint m'a aperçu, il m'a demandé de partir en des termes grossiers. Je lui ai expliqué que je n'allais pas photographier les ouvriers mais juste les trous sur la route».
C'est alors que le cauchemar a commencé, 7 ou 8 ouvriers se sont jeté sur lui et l'ont frappé avec des bâtons, des coups de poing et de pied et tout ce qu'ils avaient sous la main. «J'ai préféré m'enfuir, car ils étaient plus nombreux que moi et j'aurais pu y passer», confie-t-il.
Les voisins ont appelé la police, qui est intervenue rapidement et emmené la victime à l'hôpital. Lotfi Saïd s'en sort avec des ecchymoses sur tout le corps et 2 points de suture sur le nez.
Lotfi Saïd a-t-il vraiment levé le voile sur une affaire de "petite" corruption?
Aujourd'hui, à 10h, la victime a porté plainte contre le maire adjoint. Une confrontation est prévue vendredi prochain entre les deux hommes. Lotfi Saïd compte cependant poursuivre son combat contre la corruption. «On connait ces techniques d'intimidation, mais je ne vais pas me taire. Cet incident ne fait que confirmer mes doutes et j'irai jusqu'au bout de ma mission», dit-il.
Par ailleurs, plusieurs associations et acteurs de la société civile organiseront, dans les prochains jours, une marche, devant la mairie de Bizerte, pour dénoncer la violence et la corruption.
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