Après un court exil au Maroc, depuis le 27 février dernier, Jihed Mabrouk, blessé de la révolution, a décidé de retourner en Tunisie, vendredi prochain.
Par Yüsra N. M'hiri
Jihed, 27 ans, est immobilisé par une balle qui a traversé son cou et est ressortie par l'épaule au niveau du dos, laissant des traces sur son corps désormais fragilisé.
Le blessé de la révolution a été condamné, dernièrement, à 3 mois de prison, dans le cadre des procès des jeunes ayant participé aux émeutes qui ont eu lieu dans le pays entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011 et se sont soldées par la chute du dictateur Ben Ali.
Jihed avait également aussi reçu, en octobre 2012, une convocation du ministère de la Défense pour qu'il comparaisse devant la première chambre du tribunal militaire permanent de Sfax (procès n°12026) et régularise sa situation vis-à-vis de la loi du service militaire national.
Jihed Mabrouk a la nostalgie de l'Avenue Habib Bourguiba.
Suite à ces tracasseries et au manque de soins en Tunisie, Jihed Mabrouk, s'est senti délaissé et a décidé de s'exiler au Maroc, espérant demander ensuite une prise en charge dans un pays qui lui permettrait d'améliorer son état de santé, de travailler et de «simplement vivre», dit-il.
Le 27 février dernier, il a donc pris sa valise et s'est envolé pour Casablanca, au Maroc, un peu comme on part vers l'inconnu.
Jihed expliquera aux médias qu'il a préféré partir pour tenter de se refaire une vie plus digne, car, a-t-il argué, «la Tunisie m'a abandonné et ne m'a pas soigné».
Mais une fois au Maroc, le blessé de la révolution a connu la galère: travail au noir, faim, arnaque, emprunt qu'il peine à rembourser... et surtout le blues du pays.
«C'est dur d'être loin des siens, loin de la terre pour laquelle je m'étais battu durant la révolution, et de ne pas participer à tous ces mouvements de la société civile que je découvre à travers les réseaux sociaux et les témoignages de mes amis», confie-t-il à Kapitalis.
Jihed s'est donc finalement résigné à rentrer. Il s'est démené pour trouver le prix d'un billet d'avion, qui décollera de Casa, le vendredi à 11h30.
Jihed s'est démené pour trouver le prix d'un billet d'avion.
En franchissant le sol tunisien, Jihed, pourrait se faire arrêter, étant sur le coup d'une condamnation à 3 mois de prison, mais il estime devoir affronter son destin et chercher une solution.
«J'ai décidé de faire face et de continuer de me battre. Or, je ne conçois pas de vivre ailleurs qu'en Tunisie. Ce pays est le mien: ma terre, mon sang et mon âme», explique-t-il, un trémolo de nostalgie dans la voix.
{flike}