Un adolescent franco-tunisien, rentré en France après avoir passé près d’un an dans un camp djihadiste en Syrie, a été mis en examen à son retour en France. Son père s’indigne.
En novembre dernier, le jeune homme, alors âgé de 16 printemps, laisse une lettre à ses parents indiquant qu’il quitte Nice pour la Syrie en compagnie de son frère aîné, âgé 23 ans. Les parents n’en reviennent pas. «Rien ne laissait imaginer un tel départ» expliquent-ils. Le papa, d’origine tunisienne, est musulman mais il n’a rien d’un extrémiste et est même opposé à la violence et la haine que prêchent les groupes djihadistes. Le jour du départ des ses enfants, le malheureux père se rend au commissariat muni de la «lettre de fugue». La police lui conseille de garder contact avec ses deux fils pour ne pas perdre leur trace. Et c’est à travers Facebook que les parents ont pu communiquer quasi quotidiennement avec leurs enfants. «Ils se trouvaient dans un village près de la frontière turque, avec un groupe proche d'Al-Qaïda. Mais ils n’ont eu cesse de me rassurer et me demander de ne pas m'inquiéter», explique le père. Au fil des jours et des discussions, l’adolescent a semblé avoir réalisé la gravité de son acte et le danger dans lequel il s’est mis… C’est, du moins, ce qu’ont ressenti ses parents. Camp d'entrainement djihadiste en Syrie. Le père a emprunté de l’argent et est parti, le 21 juin, en Turquie pour chercher son fils à qui il a donné rendez-vous à la frontière turco-syrienne. Pendant la nuit, l’enfant s'est enfui du camp d’entrainement et a rejoint son «papa sauveur» à l'aube. «Il était fatigué et tout sale. On s'est reposé à l'hôtel et on est rentré le 23 juin, par le premier avion pour Nice». Arrivé à l’aéroport de la cité méditerranéenne, l’apprenti djihadiste s’est fait arrêter et placer en garde-à-vue. Le 2 juillet, il a été mis en examen. Il devra comparaitre devant le juge dans 15 jours. «Mon enfant est rentré de son propre gré et n’a commis aucun homicide. Sa détention est de la pure injustice. On juge sur des actes concrets si l’on désire être juste et équitable», s’indigne le père, qui se dit choqué par la justice française qui aurait dû placer son gamin en suivi psychologique et non pas «utiliser la machine judiciaire face à un gamin perdu». De son fils aîné, le père dira qu’il n’a plus de nouvelles… Y. N. M. |
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