L'Allemagne s'inquiète face à l'émergence de milices salafistes, s'appelant «Police de la Charia», dans la ville de Wuppertal, à l'ouest du pays.
Par Marwan Chahla
Ces extrémistes, au nom de leur rigueur intégriste, prêchent la «bonne parole» islamiste et sèment la peur. Les amis de Mme Angela Merkel ont décidé de mettre le holà aux écarts.
Le gouvernement allemand a vivement critiqué les rondes de nuit que mènent dans la ville de Wuppertal, dans le Land occidental de la Rhénanie-du Nord-Wesphalie, des patrouilles salafistes portant des gilets orange sur lesquels est inscrit «Sharia Police» (Police de la Charia).
La charia n'a pas de place sur le sol allemand
C'est ce qu'a rapporté, en début de semaine, la ''Deutsche Welle'' (''DW''), le service international allemand de diffusion. Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a opposé un «nein!» catégorique aux agissements de ces policiers de la Charia et à ce que ces illuminés considèrent comme des opérations normales de «réveil de conscience» – une campagne de sensibilisation, en somme...
Ces salafistes ont notamment ciblé les discothèques et les salles de jeux de Wuppertal, conseillant aux clients de ces lieux publics de s'abstenir de s'adonner aux jeux de hasard et de consommer des boissons alcoolisées. La police de Wuppertal s'en est inquiétée et M. De Mazière n'a plus hésité: «La charia n'a pas de place sur le sol allemand. Elle ne sera jamais tolérée», a-t-il déclaré au quotidien à grand tirage ''Bild'', ajoutant que «personne, en Allemagne, n'a le droit de salir le nom de la police, ni d'usurper ses prérogatives».
Le ministre de la Justice, Heiko Maas, a lui aussi désavoué avec force les activités de terrain du salafisme allemand. «Seul l'Etat allemand est responsable de l'administration de la justice dans notre pays», a-t-il déclaré au même ''Bild''. Selon M. Maas, aucun système de lois parallèle ne sera toléré.
Le président du groupe CDU/CSU au Bundestag, Volker Kauder, n'a pas mâché ses mots, lui non plus: «En aucun cas, nous n'accepterons que des policiers de la Charia sillonnent les rues de nos villes pour dire aux gens ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire», a-t-il confié à l'hebdomadaire ''Welt am Sonntag''.
Sven Lau, le citoyen allemand de 33 ans qui tire les ficelles de ce jeu dangereux de la «Sharia Police», s'est vite ravisé, face à cette réaction unanime des autorités allemandes. Battant en retraite, cet ancien pompier devenu guide spirituel a déclaré que «c'était uniquement pour attirer l'attention (du public et des responsables allemands, NDLR) afin que le pays engage un sérieux débat sur la place de la Charia» dans la société allemande.
Une invitation au paradis
''DW'' rappelle aussi que Lau n'a jamais caché son appartenance à la mouvance salafiste allemande, que la police d'Allemagne l'a depuis longtemps identifié comme élément perturbateur dangereux et tenu sous surveillance son activité dans la mosquée de sa ville natale de Mönchengladbach, non loin de Wuppertal, là où, il y a peu de temps, il a dirigé un mouvement intégriste baptisé «Einladung zum Paradies» (Invitation au Paradis).
Tout un programme et tant de folies, aussi.
L'existence d'énergumènes de ce genre, qu'ils soient d'origine allemande ou expatriée, sert bien évidemment la montée des partis d'extrême-droite en Allemagne – comme ailleurs dans d'autres pays d'Europe occidentale et centrale – et fait porter à l'immigration et l'islam des responsabilités qui ne sont pas les leurs.
La crise économique aidant, la xénophobie refait surface, le racisme trouve justification et la discrimination et la ségrégation se chargent de mettre tous les immigrés dans le même sac.
{flike}