Mohamed-Ali-Snoussi-MellassineLe secrétaire général du syndicat des unités d’intervention répond à Me Radhia Nasraoui, à propos du décès du détenu Mohamed Ali Snoussi, le 3 octobre 2014.

Tout en insistant sur la nécessité d’attendre le rapport médico-légal du médecin légiste avant de se prononcer sur l’affaire, Lassaad Kchaou, qui intervenait mardi 7 octobre 2014 sur Jawhara FM, s’est adressé à Me Nasraoui, militante des droits de l’Homme et présidente de l'Organisation tunisienne de la lutte contre la torture (OTLT), pour lui dire que les témoignages des proches de la victime qu’elle prend pour argent comptant pourraient ne pas être crédibles.

Il a estimé que, pour comprendre le contexte de cette affaire, il faut se poser les 3 questions suivantes: De quel milieu social est issu le défunt? Quelles relations entretiennent les gens issus de ce milieu avec la police? Et qui est à l’origine de la plainte contre le défunt?

Mohamed Ali Snoussi est originaire de Mellassine, un quartier populaire à la lisière ouest de Tunis. Ses relations avec la police sont certes exercrables et il avait été arrêté après une plainte contre lui déposée par sa maman.

L’homme, âgé d’une trentaine d’années, était ce qu’on appelle un mauvais garçon voire un voyou. Mais Mohamed Ali Snoussi pouvait être l’ennemi public n°1 voire un dangereux terroriste, cela ne saurrait justifier les agressions dont il aurait été victime lors de son arrestation et pendant sa détention.

Au moment où nous mettions en ligne, les résultats de l’autopsie n’ont pas encore été rendus publics. Mais, selon de persistantes rumeurs, le rapport médico-légal aurait conclu à un décès causé par une infection pulmonaire…

Quoi qu’il en soit, Me Nasraoui est en droit de s’interroger sur la présence de traces de coups, de brûlures, ainsi que des contusions sur le corps du défunt. Elle a, d’ailleurs, indiqué que son association va intenter une action en justice contre les auteurs des tortures et déploré l’absence, jusque-là, de la moindre condamnation d’agents ayant commis des actes de torture, ce qui aurait peut-être servi d’exemple dissuasif.

Pour sa part, l’association Mourakiboun appelle les autorités à ouvrir une sérieuse enquête sur cette affaire. Interrogé par Kapitalis, son président, Walid Zarrouk, a indiqué que l’affaire sera suivie pour que justice soit faite et pour que les tortures cessent dans les milieux pénitentiaires.

Tout en appelant les activistes de la société civile à soutenir la famille du défunt, il a ajouté que la violence policière se poursuit encore et qu’il est du devoir des agents de la dénoncer pour que la Tunisie puisse devenir un pays démocratique.

Mohamed Ali Snoussi avait été arrêté le 26 septembre. Après 6 jours passés au centre de détention de Bouchoucha, il a été transféré à l’hôpital où il rendit l’âme.

Y. N. M.

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