Selon Hassen Arfaoui, son professeur pendant 3 ans, rien ne laissait augurer que la brillante élève Fatma Zouaghi allait devenir une dangereuse terroriste.
Par Zohra Abid
Hassen Arfaoui a été surpris, mardi 14 octobre 2014, de voir la photo de Fatma Zouaghi, son ancienne élève, diffusée par le ministère de l'Intérieur, parmi celles de présumés terroristes récemment arrêtés.
Le professeur syndicaliste n'en revient toujours pas. Car il n'a pas oublié le brillant parcours de son ancienne élève, devenue étudiante en médecine à seulement 20 ans, après avoir brillamment réussi le concours du baccalauréat.
Pour avoir suivi la scolarité de Fatma Zouaghi pendant 3 ans, Hassen Arfaoui n'a rien remarqué, dans le comportement de la jeune fille, qui pouvait expliquer son virage idéologique au point de devenir une apprentie terroriste. En effet, Farma était bonne dans toutes les matières, joviale, souriante avec ses copines, ne portant ni voile ni hijab, et tout le monde était émerveillé par sa fraicheur et son intelligence.
Dans ces quartiers pauvres, anarchiques et populaires, manquant horriblement d'activités culturelles, de loisirs et de divertissements, comme celui où elle habitait, Douar Hicher, gouvernorat de Manouba, à l'ouest de Tunis, les jeunes finissent parfois par suivre des chemins de traverse, fait-t-il remarquer.
«Fatma est victime de ces responsables politiques qui ont déclaré que les terroristes étaient leurs enfants, qui considèrent les quartiers populaires comme un simple vivier de voix et qui ne s'y rendent que lors des campagnes électorales», écrit l'enseignant sur sa page Facebook.
Selon ses camarades de classe, Fatma Zouaghi a commencé à porter le voile au lendemain des élections 2011 et après son bac, elle a mis le «hijab chariî» avant de s'envelopper de la tête aux pieds dans un niqab, sans doute sous l'influence des extrémistes religieux, très actifs dans son quartier.
Pour pouvoir diffuser sa photo, le ministère de l'Intérieur a, d'ailleurs, dû obliger l'étudiante convertie à l'extrémisme religieux à se découvrir le visage.
Après l'arrestation de Afif Laamouri, chargée de l'information et de la communication de l'organisation terroriste Ansar Charia et de sa filiale, la katiba Okba Ibn Nafaa, dont les éléments armés opèrent dans les zones montagneuses du nord-ouest, à la frontière avec l'Algérie, c'est Fatma Zouaghi, son bras droit, qui l'a remplacé, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, lors d'une conférence de presse, mardi 14 octobre 2014. Elle n'a pas tardé à être arrêtée à son tour. Et à passer aux aveux.
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