Manifestation-contre-la-tortureDes organisations et activistes de la société civile ont manifesté ce mercredi 15 octobre 2014, à Tunis, contre la violence policière et la torture dans les milieux carcéraux.

C’est à l’avenue Habib Bourguiba, devant le ministère de l’Intérieur, que les manifestants se sont rassemblés, appelant les autorités à mettre fin aux tortures, dont certaines ont conduit aux décès de détenus.

Ils ont aussi appelé à la réforme du système sécuritaire et à sanctionner les auteurs des abus et bavures, qui se sont multipliés ces derniers temps.

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Me Radhia Nasraoui: «Si aucune sanction n’est prise contre les agents responsables d’actes aussi immondes, la torture continuera de sévir dans les milieux pénitentiaires.»

Me Radhia Nasraoui, présidente de l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture (OTLT), présente à la manifestation, a affirmé que malgré les traces de violence constatés sur les corps des détenus, les policiers restent dans l’impunité, ajoutant que cela est inadmissible.

«Si aucune sanction n’est prise contre les agents responsables d’actes aussi immondes, la torture continuera de sévir dans les milieux pénitentiaires. Il faut des juges responsables et courageux, capables de prendre les décisions nécessaires pour dissuader les agents. Ces derniers devraient réfléchir à 2 fois avant de lever la main sur un détenu», a-t-elle affirmé.

Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), qui a également pris part au rassemblement, a indiqué, pour sa part, que les organisations ont enregistré plus de 282 cas de tortures entre 2012 et 2014. «Il faudra mettre un place une commission de médecins légistes indépendants pour la réalisation des rapports d’autopsie», a-t-il notamment déclaré.

Les manifestants brandissaient des portraits de détenus décédés en accusant la police de les avoir tués en les torturant, tout en scandant: «La police tue et le ministère de l’Intérieur dément»; «Tueurs de nos enfants, justice sera faite»...

La famille de Mohamed Ali Snoussi, mort le 3 octobre dernier pendant son incarcération, était aussi présente.

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«La police tue et le ministère de l’Intérieur dément».

«Malgré le rapport d’autopsie diffusé par le ministère de l’Intérieur, nous restons persuadés que notre fils est mort sous la torture et nous appelons les autorités à ouvrir une enquête sérieuse ou à demander une contre-expertise», a déclaré la mère du défunt.

«Le corps de mon fils était couvert de traces de violences, comment voulez vous qu’on puisse croire à la version du médecin légiste?», a-t-ajouté.

Y. N. M.

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