Le ministère public a ordonné un mandat d'arrêt contre un homme accusé du viol de sa sœur, après que celle-ci ait révélé son drame sur la chaîne ''El-Hiwar Ettounsi''.

Par Yüsra N. M'hir

Le témoignage poignant de Balkis (pseudonyme), dans l'émission ''Andi ma nqollek'', jeudi 9 octobre 2014, n' a pas laissé la justice indifférente.

Le parquet s'est donc saisi de l'affaire et a émis un mandat d'arrêt contre le frère, qui sera poursuivi pour viol et torture. Les habitants du quartier s'était rendus chez lui, le soir de la diffusion de l'émission, pour l'attraper et le livrer à la police. Certains avaient même menacé de le tuer... Mais il s'était enfui la veille de la diffusion de l'émission, sûrement alerté par le spot d'annonce, dans lequel il a dû reconnaitre son histoire.

Mettre fin au calvaire

Balkis, 28 ans, a du arrêter ses études supérieures au niveau de la 2e année à l'Ecole des beaux-arts, car le revenu de sa famille ne lui permettait pas de payer ses études. Elle s'est alors consacrée au foyer : ménage et tâches domestiques dans la petite maison où habite sa famille à El-Mida, un village situé au gouvernorat de Nabeul.

Pour mettre fin à son calvaire, elle a décidé de tout dévoiler et de dénoncer la barbarie de son frère, ainé d'une famille qui en compte 8. Elle a invité son père à l'émission, pour s'assurer de son soutien et de son aide.

La victime a expliqué qu'un jour, alors qu'elle était seule à la maison avec son frère aîné, elle a voulu prendre une douche... Elle a surpris son frère en train de l'épier et de la regarder nue. «Je n'ai pas cru que cela était possible et j'ai même pensé que l'image était le fruit de mon imagination... Mais cela s'est reproduit plusieurs fois. Un jour, alors que j'étais dans la salle de bain, il a forcé la porte, s'est approché de moi et a commencé à me toucher... Je l'ai repoussé avec toutes mes forces, mais il n'a cessé de dire qu'il me désirait et qu'il ne me percevait pas comme sa sœur... Je me suis débattue, en tentant de le raisonner mais en vain... Je n'ai pas pu crier, et l'irréparable s'est produit», a-t-elle confié, la voix étranglée par les sanglots.

Le frère a violé sa sœur à plusieurs reprise durant 9 longs et interminables mois. Il se saoulait et venait vers elle à chaque fois que les autres membres de la famille étaient absents. Quand elle se refusait à lui, il la frappait et éteignait ses mégots de cigarettes sur son corps.

Une vie bousillée

Balkis a avoué aussi avoir tenté de mettre fin à ses jours, car elle ne voyait plus d'issue à cette tragédie. «Je devais faire l'effort de faire semblant que tout se passait au mieux, à continuer de vivre normalement, devant ma famille et les habitants du village», a-t-elle encore expliqué.

Lorsque le père lui a reproché de ne pas s'être confiée à lui ou à un autre membre de la famille, la jeune fille lui avoua qu'elle avait peur qu'en découvrant tout cela, d'autres mâles de la famille emboiteraient le pas au violeur...

«Un jour, je suis allée au commissariat, avec la ferme intention de porter plainte. Le policier m'a écoutée, puis m'a demandé de rentrer et d'oublier cette histoire, pour ne pas bousiller la vie de toute une famille et provoquer une guerre (sic !) dans le quartier», a encore raconté Balkis

Le père était surpris, troublé mais surtout énormément gêné par le récit de sa fille... Il ne savait plus où se mettre et, au lieu de consoler Balkis, il l'a couverte de reproches parce qu'elle lui a caché son histoire et préféré en parler à la télévision. La fille s'est confondue en excuse et tenté de lui expliquer qu'elle avait peur, qu'elle aimait la vie et voulait vivre normalement, ce qui l'a poussée à dénoncer ce viol incestueux, pour mettre fin à son calvaire psychique et physique. Elle prenait son père dans ses bras, mais ce dernier restait placide.

L'animateur de l'émission, Alaa Chebbi, a décidé de garder la jeune fille dans un foyer spécialisé de crainte pour sa sécurité et afin qu'elle puisse bénéficier du soutien psychlogique nécessaire.

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