La douleur, les Tunisiens, à l'instar des autres peuples, la vivent et la connaissent sous toutes ses formes. Reste à savoir si elle est vraiment bien soignée en Tunisie.
Par Samantha Ben-Rehouma
Comme chaque année, le 3e lundi d'octobre marque la Journée mondiale contre la douleur. A cette occasion, Chokri Jeribi, directeur médical de Sanofi Tunisie, et Monia Haddad, chef de service du Centre de traitement de la douleur de la Rabta, ont souligné, au cours d'une conférence à Tunis, l'urgence, au niveau pharmaceutique tout comme médical, de mieux soulager la douleur... Ce mal non nécessaire.
La douleur ne se prouve pas, elle s'éprouve. Souvent considérée comme le plus vieux problème médical, la douleur – malgré une surabondance de connaissances expérimentales et d'analgésiques pleinement efficaces – représente le 1er motif de consultation toutes spécialités confondues.
Sanofi dit STOP à la Douleur !
Avec ce slogan on ne peut plus accrocheur et une campagne d'affichage très présente dans le paysage urbain, Sanofi persiste et signe dans sa lutte anti-douleur (50 ans déjà !) et prouve en œuvrant pour agir comme acteur dynamique de la santé en Tunisie qu'il est plus qu'un labo voulant juste se faire la(part)bel.
Ainsi devant ce casse-tête chinois qu'est la douleur, le Dr. Chokri Jeribi, et a fortiori Sanofi, s'engage dans la prise en charge de la douleur.
Chokri Jeribi, directeur médical de Sanofi Tunisie, et Monia Haddad, chef de service du Centre de Traitement de la Douleur de l'hôpital Rabta à Tunis.
Le premier engagement est la prise en charge des patients avec traitements adaptés selon les paliers 1 (paracétamol), 2 (codéine) et 3 (morphine). Le second consiste en une formation médicale continue pour les professionnels de la santé via un Club Douleur ou Pain Club car, après tout, pour saisir l'intensité de la douleur de l'autre, il faut devenir cet autre, et enfin le troisième engagement est la sensibilisation de cette maladie (appelons un chat, un chat) souvent mal diagnostiquée (est-elle psychique ou somatique?) et par conséquent mal soignée et un soutien aux sociétés savantes impliquées dans la prise en charge de la douleur.
«D'ailleurs, notre contrat de partenariat avec le Centre de la Douleur de la Rabta est l'exemple type de l'implication de Sanofi dans le domaine médical, donc pas que pharmaceutique, pour la prise en charge de la Douleur», explique Chokri Jeribi,
Monia Haddad: "En Tunisie il n'y a toujours pas de législation pour la prise en charge de la douleur".
Dites-le avec des maux
Elancer, transpercer, démanger, piquer... Sourde, persistante, aiguë, temporaire, chronique... Bref, décrire la douleur on sait faire: le vocabulaire riche en nuances ne manque pas. A contrario, au pays de Tamaloù, difficile d'instaurer un cessez-le-feu dans la capitale Jaibobolà, tant cette dernière est en effervescence par des particules de feu (terme proposé par Descartes au XVIIe siècle pour décrire la douleur).
En résumé, c'est une vraie prise de tête pour les médecins de raisonner objectivement sur cette expérience subjective qu'est la douleur qui va souvent bien au-delà du diagnostic et de la thérapeutique offerte.
Fort heureusement, en Tunisie, et pour le plus grand bonheur des 80% de la population qui se soigne dans les hôpitaux publics, des pontes de la médecine éclosent. C'est le cas de Madame Anti-Douleur, alias Monia Haddad, chef de service du Centre de Traitement de la Douleur de la Rabta.
Comme notre Monsieur Anti-Tabac (Pr. Hichem Aouina, service de Pneumologie à l'Hôpital Charles Nicolle), Madame Anti-Douleur se bat, chaque jour que Dieu fait, pour que la douleur soit prise en charge sérieusement.
Et par sérieusement, entendez création de centres anti douleurs proposant des consultations spécialisées pluridisciplinaires, pour une prise en charge globale du patient et de sa douleur et, par conséquent, gain d'énergie et de temps considérable car plus besoin de courir de spécialistes en spécialistes et de ville en ville. Le Centre de la Rabta est le seul qui existe en Tunisie depuis 1996 alors qu'aux USA en 1981, il en existait déjà 251 centres et qu'aujourd'hui il y en a plus de 1000!
De gauche à droite: Sophie Michaut, medical manager Sanofi Africa, Chokri Jeribi et Monia Haddad.
Pourtant, comme l'a remarqué Monia Haddad, «en Tunisie, nous avons tous les médicaments contre la douleur qui existent. Le hic vient de la CNAM. Cette dernière se cache derrière une liste dans laquelle seulement 25 maladies ont une prise en charge intégrale. Exemple: un patient souffrant d'un zona aura moins de chance d'être pris en charge et de trouver les médicaments adéquats (très onéreux qui plus est!) qu'un patient atteint d'un cancer! Pire, j'ai un patient âgé de 44 ans qui, il y a 20 ans, a perdu lors d'un accident l'usage de sa main, il souffre énormément et pour pallier à cette douleur neuropathique, il existe un médicament mais qui n'est pas pris en charge. J'ai essayé de lui avoir une boîte.»
Bref, c'est la même chanson médico-socio-économique qui envahit nos ondes depuis quelques années maintenant... Tout un système à revoir de toute urgence car comme on dit No Pain No Gain !
Une honte donc pour un pays qui se dit démocratique (lorsqu'on sait qu'au Canada un infirmier a le droit d'administrer un traitement antalgique, et ce, même en l'absence d'un médecin!) et qui se fout comme d'une guigne de la santé de ses habitants.
Toutefois, lorsque l'on connaît la santé mentale de certains politiques, force est de constater que, là, c'est bien l'hôpital qui se fout de la charité.
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