Une arrestation musclée à l’Ariana se transforme en «tentative de meurtre». Taha Amraoui, la victime, a porté plainte contre les policiers qui l’ont agressé.
Cette bavure policière s’est passé dans l’après midi du vendredi 12 décembre 2014, à la cité Ennasim, un quartier populaire de l’Ariana. Kapitalis a contacté Oumayma, la sœur de Taha Amaraoui, qui se remet doucement de ses blessures, à l’hôpital Charles-Nicolle de Tunis. «Nous habitons un quartier assez mal fréquenté. Vers 18h, mon frère est parti acheter du pain traditionnel ‘‘mlaoui’’ pour le diner. Il attendait que la boulangère lui en prépare, lorsque des jeunes se sont mis à courir pour fuir la police. Mon frère, qui n’avait rien à se reprocher, n’a pas bougé», a-t-elle expliqué. Le jeune homme s’est fait arrêter mais il ne comprenait pas vraiment la cause. «Ils ont du me confondre avec l’un des fuyard», a-t-il pensé. «Mais les agents se sont déchainés sur lui et l’ont roué de coups, faisant usage de gaz lacrymogène et de bombe défensive électrochoc, ne lui laissant pas la possibilité de parler pour se défendre», raconte Oumayma. Elle enchaîne: «Il était immobilisé au sol et criait de douleur, mais les policiers ont continué lui donner des coups de pied. Ils n’ont cessé que lorsque ma mère, qui a reconnu la voix de son fils, est sortie pour voir. Les policiers l’ont repoussée et lui ont demandé de les laisser faire leur travail». Taha a dû subir une opération à la poitrine. Taha a été emmené au commissariat du quartier Hedi Nouira à Borj Louzir. Au bout de 15 minutes, il était à bout et ne pouvait plus se tenir debout. «Il toussait et crachait du sang. Ce qui a inquiété le chef du district qui a finalement décidé d’appeler les secouristes», raconte Oumayma. Alertée, la famille de la victime s’est rendue à l’hôpital. «Le médecin qui a pris mon frère en charge était très aimable. Il a été choqué par l’état de Taha et nous a expliqué qu’il avait une hémorragie au niveau des poumons et qu’une intervention était nécessaire», enchaîne Oumayma. Taha a été opéré et à 3h du matin. Il s’est réveillé avec un traumatisme crânien, des ecchymoses et des écorchures sur le corps, ainsi qu’un problème au niveau du rein droit. Munie d’un certificat médical, la famille a aussitôt déposé plainte auprès du procureur de la république du tribunal de l’Ariana. L’accusation retenue contre les policiers c’est «coups et blessures aggravés» et «tentative de meurtre». Oumayma se dit rassurée quant à la prise en charge judiciaire du dossier de son frère, d’autant, dit-elle, que le procureur s’est déplacé à l’hôpital pour rendre visite à Taha et a affirmé à la famille que les agents ont été arrêtés. Ce que nous n’avons pas pu vérifier. Traces des violences policières. «J’ai tenu à médiatiser son drame pour sensibiliser l’opinion publique et surtout avertir les policiers des graves conséquences de l’usage de violence», explique Oumayma. Elle se reprend, et ajoute : «Je suis consciente que certains policiers font leur travail correctement, mais les dérapages existent encore et nous devons les dénoncer. Aujourd’hui, le pays a plus que jamais besoin de sécurité mais ceci ne justifie pas les dépassements». Y. N. M. |
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