Le suicide infantile devient un phénomène social en Tunisie. Parents et éducateurs sont appelés à encadrer les enfants et, surtout, à mieux les écouter.
Par Yüsra N.M'hiri
Mohamed Jouili, sociologue et directeur de l'Observatoire national de la jeunesse (ONJ) est revenu sur les nombreux cas de suicide d'enfants enregistrés en Tunisie ces dernières semaines. «C'est un phénomène relativement nouveau mais inquiétant», a-t-il déclaré à Mosaïque FM.
Le sociologue a indiqué que la souffrance des enfants est souvent ignorée alors que le passage à l'acte suicidaire reste un risque réel. «Les enfants ne sont pas toujours écoutées, alors qu'ils peuvent avoir des choses à dire et des craintes à extérioriser. Il est important de les inviter au dialogue», a-t-il expliqué.
Tout en invitant les adultes à mieux entourer les jeunes, à les valoriser et à leur donner confiance en eux et à éviter de les déprécier et de les casser moralement, M. Jouili a indiqué que les mots ont leur poids et il faut les utiliser avec beaucoup de précaution. «Des fois, les mots durs peuvent moralement détruire la personnalité des plus jeunes qui cherchent à se construire», a-t-il averti.
Mohamed Jouili a estimé que les médias ne sont pas responsables de l'aggravation de phénomène, malgré tout ce qui se raconte à ce sujet. «Ce n'est pas en regardant une émission traitant du suicide qu'un enfant va copier le geste. Un enfant qui met fin à ses jours est un petit être souffrant ayant besoin de repères ou simplement d'écoute. Les discussions familiales sont le premier rempart contre le suicide chez les jeunes», a encore insisté le sociologue.
Le Centre international de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie estime, de son côté, que la médiatisation et la banalisation de la mort (notamment dans les jeux vidéo ou les dessins animés) peuvent être responsables de cet acte irréversible, car elles empêchent un enfant de prendre conscience qu'une vie qui s'arrête rend impossible tout recommencement.
Des études ont démontré que les enfants se suicident car ils sont fragilisés et leur objectif réel n'est pas d'en finir avec la vie, mais d'en finir avec un problème qui peut paraître impossible à résoudre, puisque souvent l'enfant n'a pas encore les capacités d comprendre le caractère définitif et irréversible de la mort.
Le suicide peut également s'apparenter à un acte de vengeance ou à un appel à l'aide, d'où l'importance de la communication et de l'écoute.
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