En menaçant de boycotter les examens, qui doivent démarrer lundi 2 mars 2015, les enseignants du secondaire suscitent la colère des élèves et de leurs parents.
Par Imed Bahri
Pour le ministre de l'Education Neji Djelloul, les enseignants du secondaire doivent patienter, car l'Etat n'est pas en mesure de satisfaire leurs revendications matérielles.
Dans ses nombreuses réunions de travail avec les représentants du syndicat de l'enseignement secondaire, M. Djelloul a répété que la décision d'augmentation salariale n'est pas du seul ressort de son département, mais qu'elle revient aussi au ministère des Finances et à la présidence du gouvernement, dont la marge de manoeuvre budgétaire est très étriquée.
M. Djelloul a ajouté qu'il y a d'autres priorités, notamment la restauration des 1.235 établissements scolaires que compte le pays et dont certains menacent ruine.
«Lors de mes visites à certains de ces établissements, j'ai vu des salles de classe dont les toits risquent de s'effondrer sur la tête des élèves et des enseignants. Quant aux équipements, ils sont dans un tel état que l'on plaint nos enfants de poursuivre leurs études dans de telles conditions», a déclaré M. Djelloul à Kapitalis, estimant que les demandes des enseignants sont excessives voire surréalistes, eu égard à la situation générale dans le pays.
«Le syndicat de l'enseignement secondaire revendique deux augmentations salariales, l'une à travers la négociation directe avec le ministère de l'Education, et la seconde, indirectement, via les négociations salariales entre le gouvernement et l'Union générale tunisienne du travail (UGTT)», a déclaré M. Djelloul, dans l'émission ''Chokran Ala Al-Houdhour'', sur la chaîne Watania1, vendredi 27 février 2015, ajoutant que le ministère de l'Education n'est pas en mesure de réunir les 205 millions de dinars (MD), montant des augmentations salariales demandées par les enseignants.
«Nous sommes disposés à payer, à la rigueur, 180 MD», a-t-il précisé à Kapitalis, tout en invitant les enseignants à être plus compréhensifs et à tenir compte de l'Etat des finances publiques et de l'intérêt des élèves, à la veille des examens du 2e trimestre de l'année scolaire 2014-2015.
Rappelons qu'à l'issue de leur réunion, samedi 28 février 2015, avec les responsables du ministère de l'Education, les dirigeants syndicaux ont déclaré avoir renouvelé leur ferme attachement à la satisfaction de toutes leurs revendications matérielles, et annoncé le boycottage des examens qui devraient se dérouler au cours de la semaine prochaine.
Lassaad Yacoubi, secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, a indiqué, pour sa part, que les deux dernières semaines du 2e trimestre seront consacrées aux cours, ajoutant, sur un ton que beaucoup trouveront arrogant, qu'il n'y aura pas d'examens!
Cette perspective, on l'imagine, suscite la colère des parents et des élèves qui commencent à se lasser des grèves à répétition des enseignants. Un mouvement de grogne est même en train de prendre forme et il n'est pas exclu que des manifestations soient organisées contre le comportement qualifié d'égoïste et d'irresponsable des enseignants.
Illustration: Néji Djelloul et Lassaad Yacoubi.
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