Avec son syndicalisme suicidaire, qui confond négociation salariale et hold-up, la Tunisie risque de sombrer dans l'anarchie, alors qu'elle doit mobiliser ses moyens dans la lutte antiterroriste.
Par Zohra Abid
Sur 80.000 enseignants du secondaire que compte la Tunisie, 9.247 ont séché les cours (c'est le cas de le dire), durant la période allant du 9 et le 15 mars 2015, chiffre obtenu par Kapitalis d'une source digne de foi au ministère de l'Education.
Ces 9.247 enseignants fantômes se sont offerts une semaine supplémentaire de vacances... avant celles du printemps, qui a démarré le 16 du même mois.
Là, il ne s'agit pas d'un «pont» pour prolonger un week-end, mais carrément d'une désertion dont les élèves et leurs parents – sans parler des pouvoirs publics – payeront, bien sûr, les frais.
On notera, à ce propos, que les examens du 2e trimestre, qui étaient prévus entre le 2 et le 6 mars, n'ont finalement pas eu lieu, en raison de leur boycottage par le très patriote syndicat de l'enseignement secondaire.
Ces examens, qui ont été reportés au début du mois d'avril, pourrait d'ailleurs ne pas avoir lieu, par une décision unilatérale – on allait écrire dictatoriale – de ce même syndicat, dont le secrétaire général, Lassaad Yacoubi, a déclaré, aujourd'hui, aux médias que les propositions du ministère de l'Education, en ce qui concerne les revendications des enseignants, sont en-deçà des attentes et que les examens pourraient être de nouveau boycottés. On devrait bien sûr applaudir des deux mains!
Lors des dernières séances de négociations, les autorités publiques ont pourtant fait montre de flexibilité en proposant au syndicat une enveloppe supplémentaire de 87 millions de dinars, en expliquant qu'ils ne peuvent pas aller au-delà de cette somme, eu égard à la situation difficile des finances publiques.
Contre toute attente, M. Yacoubi et ses camarades syndicalistes de l'enseignement secondaire ont, une nouvelle fois, rejeté la proposition. Ils veulent dicter eux-mêmes au gouvernement l'augmentation salariale qui leur convient le mieux! Il ne faut pas en rire, mais plutôt en pleurer...
Avec ce syndicalisme kamikaze, qui confond négociation salariale et hold-up, il y a fort à parier que le pays sombrera bientôt dans l'anarchie et le désordre, au moment où il doit mobiliser l'essentiel de ses moyens pour combattre le terrorisme.
Où va-t-on? N'y a-t-il pas, aujourd'hui, en Tunisie, un dirigeant politique assez courageux pour raisonner ces chers «éducateurs» qui ont perdu tout sens de la responsabilité et de la mesure?
L'ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, qui n'est pas du genre à faire du populisme ou à crier avec les loups, a déploré, aujourd'hui, le comportement des dirigeants syndicaux et averti l'Etat contre la poursuite des négociations pour de nouvelles augmentations salariales alors que tous les clignotants des finances publiques sont au rouge.
Venant d'un ancien syndicaliste, qui fut longtemps le conseiller économique de l'UGTT, ce conseil vaut son pesant de fermeté.
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