M. Guéant, qui a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière une de ses priorités, était en déplacement dans les Alpes-Maritimes et à la frontière franco-italienne en raison d’un afflux jugé exceptionnel de migrants tunisiens venus d’Italie depuis un mois.
«Nous souhaitons obtenir de nos amis italiens qu’ils jouent le jeu de la règle européenne. C’est la responsabilité du pays d’accueil. Nous leur demandons de retenir les personnes qui se présentent chez eux et qu’ils reprennent celles qui leur sont renvoyées», a déclaré le ministre français lors d’un point presse à la préfecture à Nice.
Il a précisé que sur les 436 migrants clandestins – pour la plupart des Tunisiens – arrêtés en février dans les Alpes-Maritimes, 250 avaient été reconduits en Italie.
La liberté… d’émigrer
D’après un responsable policier français à Menton, les autorités italiennes ont interpellé sur les trois premiers jours de mars 1.070 immigrés clandestins, pour la plupart des Tunisiens, en route vers la France, ce qui marque une hausse forte et subite.
Le ministre français de l’Intérieur a prévenu que les autorités françaises étaient «déterminées à résister» à un afflux de clandestins consécutif à la vague de bouleversements politiques dans le monde arabe.
«Face aux turbulences qui embrasent un certain nombre de pays du Sud de la Méditerranée, le gouvernement français a deux obligations: accompagner le mouvement de marche vers la démocratie et la liberté et faire en sorte que nous ne soyons pas submergés par une vague d’immigration», a résumé M. Guéant.
«Ce serait paradoxal que la France accueille des personnes qui viennent de pays qui découvrent la liberté», a-t-il ajouté, estimant que «l’avenir des jeunes Tunisiens est en Tunisie et non dans notre pays».
M. Guéant a reconnu que cette «vague migratoire (était) motivée par des considérations strictement économiques et de travail» et que la France ne faisait «pas face à un raz-de-marée».
Les policiers «submergés» par l’afflux de clandestins
Une situation toutefois vécue très différemment par des policiers chargés du contrôle de l’immigration dans le sud de la France: ils avaient affirmé jeudi à l’Afp qu’ils étaient «submergés» par l’afflux de clandestins dans le sud-est.
«Il y a des dizaines de clandestins chaque jour venus d’Italie dont une majorité de Tunisiens» et «les services de police sont à flux tendus en dépit de renforts et sous la pression hallucinante de flux migratoires venant d’Italie», selon l’une de ces sources.
«Nous n'en sommes qu’au début», avaient déclaré ces policiers, affirmant que des prévisions évaluent à 15.000 le nombre de personnes susceptibles de venir en France en provenance d’Italie.
Pour tenter de juguler le flux de migrants dans les Alpes-Maritimes, le ministre français de l’Intérieur a annoncé un renforcement des moyens avec un escadron supplémentaire de gendarmes mobiles (80 hommes) pour les contrôles routiers et une compagnie de Crs (80 hommes) pour les contrôles dans les gares.