sanabenachour
Le 8 mars 2011 est une journée à marquer d’une pierre blanche. Ce jour-là, les Tunisiennes (et les Tunisiens) ont lancé la mobilisation pour une véritable égalité des sexes. De préférence inscrite dans la Constitution.


La Journée mondiale de la femme, célébrée hier, en Tunisie, avait une saveur et une signification toute particulière. Fêtant cette année ses cent ans, elle a été célébrée au lendemain d’un événement historique, au moment même où se joue l’avenir de tout un pays, de ses hommes et de ses femmes.
Alors que la Tunisie doit se doter dans les prochains mois d’une nouvelle constitution qui fixera les principes fondateurs de sa politique et de ses lois, cette journée était l’occasion rêvée pour affirmer l’un des défis de la transition démocratique en Tunisie: l’égalité entre les sexes et le respect des droits des femmes.

Pour une constitution égalitaire
Pas de paroles en l’air ou de phrases toutes faites cette année, mais du concret. Pas de femmes-alibis ou de femmes-vitrines d’un système hypocrite, mais des femmes au micro, militantes reconnues, exposant leur combat, leurs objectifs et les moyens d’y parvenir.
C’était le cas, hier, au club Tahar Haddad, où plusieurs Ong et associations tunisiennes et étrangères, dont l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), représentée par sa présidente Sana Ben Achour, l’Onu femmes, le Fonds des Nations-Unies pour la population (Fnuap), et plusieurs organisations espagnoles se sont rendues à l’invitation de la coopération espagnole.
D’une seule voix, les participants ont affirmé leur volonté d’unir leurs forces afin d’aider la Tunisie à passer «d’une révolution populaire à une constitution égalitaire», en s’adressant sans discrimination aux femmes de toutes les régions et de toutes les classes sociales, et en les impliquant pleinement dans la transition démocratique de leur pays.
Ainsi, le 25 mars prochain, les organisateurs entameront à Tunis une campagne de communication qui devrait s’étendre à toute la Tunisie. Outre le slogan de la campagne, les participants ont d’ores et déjà imaginé une ébauche de la constitution égalitaire qu’ils souhaitent voir naître en Tunisie. Ce projet, rédigé en français et en dialecte tunisien, est constitué pour l’instant d’un préambule et de 8 articles portant sur les droits fondamentaux des femmes: la non-discrimination, le libre choix du conjoint et du domicile, l’égale autorité parentale du père et de la mère, le droit égal à l’héritage et au travail, l’intégrité morale et physique des personnes, et la parité dans la vie publique sont autant de thèmes abordés.

Impliquons-nous tous pour la Tunisie de demain!
Ce projet de Constitution sera distribué, discuté et modifié au fur et à mesure des rencontres, composées de projections de plusieurs courts-métrages suivies de débats, avec en parallèle des ateliers de dessin avec les enfants des écoles sur le thème de l’égalité femme/homme.
S’il n’y avait qu’un message à retenir de cette campagne à venir, ce serait  peut-être celui-là: impliquons-nous tous, femmes ou hommes, jeunes ou moins jeunes, pour que les droits de chacun soient respectés dans la Tunisie de demain, cette Tunisie plus juste et plus égalitaire que nous appelons de nos voeux. Cette Tunisie dont nous pourrons être fiers, et qui nous respectera. Cette Tunisie démocratique dans laquelle nous ferons enfin entendre notre voix.

Emmanuelle Houerbi