Plus de 1.400 migrants clandestins ont débarqué entre dimanche et lundi sur la petite île de Lampedusa, l’île de 20 km2 de surface perdue au sud de la Sicile. Ces arrivées massives, ont porté le nombre de migrants dans l’île italienne à environ 5.400 personnes, soit presqu’autant que le nombre de ses habitants, ont annoncé les autorités locales.
La population locale inquiète
«En ce moment, il y a 5.400 immigrés à Lampedusa. Un chiffre impressionnant, de 100 personnes inférieur à celui de la population locale», a déclaré Pietro Busetta, responsable du secteur du tourisme pour la Sicile.
Depuis dimanche, 1.470 candidats à l’immigration sont arrivés à bord de 13 embarcations différentes sur cette île de 20 km2 comptant 6.000 habitants.
Le maire Bernardino de Rubeis a tenté de rassurer une population locale inquiète en annonçant un plan coordonné avec le gouvernement pour le transfert hors de l’île de 500 migrants chaque jour.
Dimanche, les arrivées incessantes de migrants avaient provoqué de fortes tensions sur l’île. Des habitants de Lampedusa, exaspérés par la surpopulation du centre d’accueil, prévu normalement pour 850 personnes, avaient bloqué le débarquement de tentes et de toilettes chimiques convoyées par ferry à destination des immigrés, avant de se laisser convaincre par les autorités.
Les riverains ont dit refuser que leur île qui vit en grande partie du tourisme, soit transformée en «campement de réfugiés à quelques mois du début de la saison».
Le préfet Giovanni Caruso a annoncé une réunion mardi à Rome, convoquée par le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, afin de déterminer les sites vers lesquels les migrants de Lampedusa pourraient être évacués.
M. Maroni a déclaré lundi à la presse que 14.918 personnes étaient arrivées depuis le début de l’année en provenance de la Tunisie, des immigrés «qui ne peuvent pas être considérés comme des réfugiés».
Situation «inacceptable» dans le centre d’accueil
La Croix-Rouge a de son côté dénoncé une situation «inacceptable» dans le centre d’accueil, où s’entassent plus de 2.000 immigrés dans des conditions indécentes (absence de sanitaires en état de marche et de lits, promiscuité).
Ils sont malgré tout mieux lotis qu’une centaine d’autres migrants trempés et grelottant de froid qui ont dû dormir ces derniers jours sur les quais du port, sous les auvents de camions ou protégés par des abris de fortune.
«Le comportement de l’Etat est honteux, l’Italie accepte que ces milliers d’immigrés soient traités comme des bêtes et obligés de dormir sous la pluie, toute l’Italie devrait avoir honte», a dénoncé le maire.
Les arrivées de clandestins depuis le début de l’année représentent plus du double de celles recensées pour toute l’année 2010 à Lampedusa.