Imed Trabelsi, neveu de Leïla Ben Ali, l’épouse du président déchu, a été condamné à 2 ans de prison ferme et à une amende de 2.000 dinars pour consommation de stupéfiants.


Le jugement a été prononcé, samedi, par le juge devant la huitième chambre pénale du tribunal de première instance de Tunis, Faouzi Jebali, au terme d’une audience de 30 minutes, en présence du prévenu.

Des analyses biologiques accablantes
Au cours du procès, l'accusé a reconnu avoir consommé de la drogue, expliquant qu'il avait arrêté d'en consommer depuis l'année 2000. Confronté aux résultats des analyses biologiques qui étaient positives, l'accusé a renouvelé ses aveux, mais il a réfuté les résultats de ces analyses effectuées il y a trois mois, faisant douter de leur crédibilité.
Au sujet de l'origine des stupéfiants, l'accusé a dévoilé devant le juge qu'un de ses employés, originaire de la Cité Ettadhamen (banlieue ouest de Tunis) et qui travaillait pour lui dans un point de vente de boissons alcoolisés, les lui fournissait dans le but de les consommer. Il a indiqué qu'il n'avait pas subi des violences physiques, au cours de son interrogatoire.
Le ministère public a demandé d'appliquer la peine maximale contre l'accusé, surtout que les preuves de sa culpabilité avaient été établies, après les analyses biologiques qui ont confirmé qu'il s'adonnait à la drogue.
Dans leurs plaidoiries, Mes Wissam Saidi et Amor Haj Khélifa ont souligné l'existence de vices de procédures dans l'arrestation de leur client, demandant l'annulation des poursuites et le rejet de l'affaire.
Contrairement à la séance précédente, le procès s'est déroulé dans une ambiance calme, avec des mesures de sécurité renforcées.

Des manifestants devant le tribunal
Des manifestations ont eu lieu en dehors du palais de justice, boulevard Bab Bnet. Les manifestants qui scandaient des slogans, notamment "Un jugement populaire pour la famille Trabelsi", ont parcouru toute la rue.
Les citoyens attroupés ont cherché à atteindre l'accusé, lors de sa sortie du tribunal en état d'arrestation, mais les importantes forces de sécurité sur les lieux les en ont empêché.
La première audience publique dans cette affaire de consommation de stupéfiants avait eu lieu le 20 avril. L'apparition de Imed Trabelsi au tribunal, cheveux gominés et costume-cravate, entouré de policiers, avait déclenché une vague de protestation dans le public. En soutenant que la chambre correctionnelle était incompétente pour le juger, ses avocats avaient alors provoqué la colère du public. Des manifestations ont eu lieu dans le tribunal. Le juge Lassad Chamakhi décida alors de mettre fin à l’audience et de reporter le procès au 7 mai.
Le membre le plus détesté du clan de Leïla Trabelsi, sa tante et protectrice, est inculpé dans plus d’une vingtaine de procès. Arrêté le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite, alors qu’il s’apprêtait à fuir le pays, il est détenu depuis avec une trentaine d’autres membres de sa famille à la base militaire de l’Aouina, au nord de Tunis, «une prison 5 étoiles», ironisent les Tunisiens. A la suite de sa condamnation à la prison ferme, il aurait dû être incarcéré dans une  prison civile. Le condamné a cependant été transféré à la caserne de l'Aouina.
Imed Trabelsi avait été poursuivi sans succès en France pour «vols en bande organisée» pour s’être approprié en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-président Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy.
En mai 2007, la justice française avait émis un mandat d’arrêt à son encontre, mais la justice tunisienne avait refusé de l’extrader. La justice française avait alors accepté qu’il soit «jugé», ainsi que son complice et cousin Moez Trabelsi, en Tunisie. Déférés devant un tribunal tunisien, les deux hommes ont finalement été acquittés.

 

I. B. (avec agences).