Finis les ruelles boueuses, les coins jonchés de saletés, les murs lézardés, les façades croulantes, les portes brinquebalantes…, la Médina de Tunis, qui figure sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité établie par l’Unesco, est en train de se refaire une beauté.

 

Restauration des façades, élimination des câbles muraux, réinstallation  des réseaux d’évacuation des eaux pluviales, amélioration de l’éclairage public, embellissement des portes et des voûtes, restauration des fenêtres, réaménagement des demeures anciennes et hôtels de charme… Un parcours historico-culturel et touristique de 1 000 mètres à la hauteur de son prestige est en train de prendre forme. Pour le bonheur des promeneurs…
Pavé avec de la pierre de taille, le nouveau parcours touristique, conçu par l’Association pour la Sauvegarde de la Médina (ASM), reliera la place de la mosquée Ezzitouna et la rue Sidi Brahim, en traversant un certain nombre de rues (Sidi Ben Arous, El-Hafsia, du Pacha, du Tribunal) ainsi qu’une dizaine de souks historiques (El Grana, El Laffa, La Kasbah, El Hafsia, El Faka, El Kotbia, Essraïria, El Blat, Rue de la Zitouna et Enssa). Sur ce chemin sinueux, le promeneur pourra découvrir (et visiter) des monuments et bâtiments de grande valeur historique et architecturale, dont la construction remonte aux siècles passés.
L’intérêt accordé à ce parcours tient au fait que son itinéraire reçoit un nombre important de touristes et de visiteurs, dont une grande partie fréquente les espaces culturels qu’abrite cette partie de la Médina. Parmi ces espaces, on citera la Médersa Bir Lahjar, Dar Ben Achour, le Palais Kheireddine, le Club Tahar Haddad, la Maison du poète… A ce parcours seront intégrées également la place Romdhan Bey et celle d’El Hafsia.
Une fois décapés – leurs couches de peinture successives enlevées –, ces bâtiments révéleront leurs pierres d’origine. Tout sera restauré: sabbats, colonnes d’angle, arcs et arcades, murs, piliers, portes et fenêtres, dallages… Plus donc de murs gonflés, écorchés ou lépreux. Les façades seront nettes, propres et éclairées. Elles seront plus accueillantes. Les peintures et matériaux d’origine seront respectés. La menuiserie sera en jaune câpre, marron, bleu… Sauf pour les constructions du siècle dernier, qui garderont leur blanc cassé. Le fer forgé est traditionnellement noir ; la couleur sera maintenue, sauf de rares exceptions. Aucun élément ne sera laissé au hasard. Même les réverbères seront soigneusement choisis pour être en harmonie avec le style ambiant. Une fois restaurés et réhabilités, les bâtiments seront aussitôt connectés aux réseaux d’infrastructures (électricité, téléphone, gaz de ville…). Les canalisations et branchements seront souterrains. Plus de fils et de câbles qui pendent au-dessus des têtes des passants. A chaque angle de rue, à chaque porte, à chaque fenêtre, à chaque coin, la médina retrouvera peu à peu son architecture authentique, avec ses ombres et ses lumières, sa palette de couleurs, ses senteurs et ses petites musiques intérieures.
Ce projet de réhabilitation et d’embellissement ne sera pas seulement en béton. Des espaces verts sont aussi prévus. La Place du Tribunal en comptera un. Celle de Bir Lahjar aura sa gerbe de jets d’eau et de fleurs. Il restera aux riverains – qui n’auront pas déboursé un sou, mais qui seront les premiers bénéficiaires – à assurer l’entretien et l’arrosage des bacs à fleurs, qui seront piqués de tiges grimpantes de jasmin et de bougainvilliers. Ces bretelles florales longeront les pieds des murs dans toutes les allées. Entre habitations, hôtels de charme et commerces… Des lanternes éclaireront les rues, désormais formellement interdites à la circulation des voitures. Les personnes âgées ou handicapées pourront, quant à eux, circuler à bord de petites voitures électriques qui seront mises à leur disposition par la Mairie de Tunis. Des bancs publics seront aussi installés sur tout le parcours.
Ce projet de restauration urbaine et de réhabilitation touristique de la Médina de Tunis avait été annoncé en mai 2007 par le Président de la République. Les études ont duré un peu plus d’un an. Les travaux, qui ont démarré en juillet 2008, coûteront au total 3,7 millions de dinars. Les autorités municipales en supporteront la plus grande part (2,5million de dinars). Les entreprises de services publics (Sonede, Steg, Onas, Tunisie Télécom…) apporteront le reste du montant (1,2 millions de dinars).
Rendez-vous est donc pris le 18 avril prochain, date prévue pour l’inauguration du circuit, et qui coïncide – il fallait tout de même y penser – avec le démarrage du mois du patrimoine.

Rania B.